Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/240

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Là, sous l’œil des chalands, le docteur qu’on délaisse
        Met la science en écriteaux,
Il a des vérités pour la hausse et la baisse,
        Il parade sur des tréteaux !
Vérité, vérité, prêtresse au front pudique !
        Rois et peuples, grands et petits,
Chacun cherche à voler un pan de là tunique
        Pour le vendre ensuite aux partis ;
Sur son corps ténébreux chaque histrion le roule
        En s’offrant aux marchés rivaux ;
Le riche paye avec ses écus, et la foule
        Avec ses stupides bravos !

Le poëte, — oh ! pleurez, vierges des chœurs antiques,
        Le poëte, l’homme inspiré,
Qui marchait devant vous, dans les fêtes publiques,
        Le front ceint du rameau sacré ;
Qui chantait noblement, sur le luth de Phrygie,
        Les chastes amours et les dieux, —
Le poëte aujourd’hui se loue à tant l’orgie,
        Pour amuser les mauvais lieux ;
Tout rôle bien payé pour lui devient commode,
        Il est tribun, ou bateleur ;