Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/252

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« La loi ne connaît point de pénitente oisive.
« Le luxe et les parfums sont maudits des élus ;
« C’est mal de se complaire à ces biens superflus,
« De s’attendrir ainsi sur des larmes fleuries :
« Le péché suit de près les molles rêveries.
« Et ce baume, d’ailleurs, valait beaucoup d’argent ;
« Le perdre, c’est voler du pain à l’indigent ;
« Car, pour faire l’aumône, il aurait bien pu rendre
« Trois cents deniers au moins, si l’on eût su le vendre ! »

Et les frères, troublés dans le fond de leur cœur,
Tournèrent à la fois les yeux vers le Seigneur.

Et lui, sur l’humble femme étendant ses mains pures :
« Oh ! ne la froissez pas de vos paroles dures ;
« Hommes de peu d’amour, elle a fait mieux que vous !
« Voyez mes pieds meurtris qu’elle essuie à genoux,
« Ses yeux en ont lavé le sang et la poussière ;
« Elle a de ses parfums répandu l’urne entière ;
« Et tandis que ses pleurs jaillissaient en ruisseau,
« Je n’eus pas de vos yeux même une goutte d’eau !
« Vous n’êtes pas venus, mes hôtes, mes apôtres,
« Presser en m’abordant mes lèvres sur les vôtres ;
« Marie a sur son cœur posé mes pieds brisés,
« Et les réchauffe encor de ses pieux baisers ;