Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/331

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Arrache donc ce peuple, il en est temps encor,
A l’esprit de vertige, au culte du veau d’or ;
Qu’il cesse de chercher son but dans la matière ;
Que ta parole, ô Christ ! lui rende la lumière ;
Entr’ouvrant à ses yeux nos horizons étroits,
Fais briller l’idéal… je veux dire ta croix.


II

Laisse, ô poëte obscur ! le voyant chargé d’âmes
Foudroyer les cités de son verbe de flammes ;
Reviens gémir, enfant, dans ta famille en deuil,
Et ne t’écarte plus de son modeste seuil.
Pour tout ce qu’elle pleure et tout ce qu’elle espère,
Va prier et pleurer à côté de ton père,
De tes pieux baisers pressant ses cheveux blancs,
Cherche, au fond de ton cœur, quelques mots consolants !

Dieu seul pourra guérir la blessure éternelle
Que sa main voulut faire à l’âme paternelle,
Et qui pour tous les trois saignant du coup affreux,
Rendra jusqu’à la mort tout bonheur douloureux.