Va donc, ô poésie, et porte-lui mes pleurs !
Porte-lui tout mon cœur saignant de son martyre.
Elle en sait de ce cœur plus que tu n’en peux dire ;
Va, pourtant, lui parler sur son lit de douleurs.
Au miroir de tes vers que son âme se voie
Telle que Dieu l’a faite, avec tous ses trésors ;
Et qu’oubliant le mal qui déchire son corps,
Elle doive à son fils un quart d’heure de joie !
Puis, qu’elle prie et jette au ciel ce cri sacré,
Plus fort, ô Dieu clément, que toutes vos colères,
Ce cri qui rend le ciel obéissant aux mères,
Qui des bras de la mort, malgré vous, m’a tiré,
Afin qu’à votre esprit, Seigneur, je sois fidèle,
Que je demeure en lui ferme et pur ici-bas ;
Et pour que je sois digne, après tous nos combats,
D’aller, au sein du Christ, me reposer près d’elle.
Juin 1851.
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