Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/83

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Voyez : lorsque la nuit vers l’occident recule,
Annonçant le soleil, paraît le crépuscule ;
Le Seigneur, de là-haut, l’envoie avec amour
Aux yeux que blesserait le brusque éclat du jour.
Il vient ; il verse à flots sa limpide rosée,
La moindre fleur des champs est par lui baptisée.
Aux arbres des chemins comme à ceux des forêts
Chaque rameau lavé luit plus vert et plus frais,
Afin que le soleil n’échauffe rien d’immonde
En visitant le sein du bourgeon qu’il féconde.
Ainsi, moi, précurseur d’un baptême nouveau,
Pour vous purifier je vous plonge dans l’eau.
Mais, comme un grand soleil nécessaire à la vigne,
Un autre va venir, dont je ne suis pas digne
De toucher la sandale, et dans l’esprit de Dieu
Il vous baptisera du baptême de feu ;
Sa flamme au sang d’Adam rendra toute sa force,
A la sève ascendante il ouvrira l’écorce,
Afin que le vieux cep que le père a planté
Donne au saint vendangeur le fruit de charité. »


V

Jusqu’alors confondu dans le peuple en prières,
Et simple comme un frère au milieu de ses frères,