Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/92

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Tout envoyé de Dieu, tout pasteur qui n’emploie
Ni glaive ni bâton pour tracer votre voie,
Et qui cherche à semer, sous vos crânes épais,
Des germes inconnus de justice et de paix…

Il parle, et tout à coup une voix : « C’est lui-même,
Criait-elle, c’est Jean qui donne le baptême ! »

Et la foule, déjà frappée en l’écoutant,
Des rires au respect changée en un instant,
Se presse et fait silence. Et lui reprend : « Mon frère ! »
— Vers Lazare tourné : — « Loin de nous la colère ;
L’humble bonté du cœur convient aux malheureux :
Qui pourra les aimer s’ils ne s’aiment entre eux ?
C’est pour les affligés, c’est pour nous qui le sommes
Que la sainte amitié fut envoyée aux hommes ;
Les pauvres l’ont reçue ; elle aide à mieux souffrir
Ces lépreux éternels qui ne peuvent guérir.
Pour votre frère en pleurs dont la faim vous désole,
Si vous n’avez du pain, ayez une parole.
Un mot dit par le cœur fortifie et nourrit
L’âme du malheureux que l’abandon aigrit.
Dieu transforme souvent la larme secourable,
Qu’un pauvre a vu couler sur sa plaie incurable,
En un baume qui lave et guérit du passé