Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/13

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le caractère grec dans ce qu’il a de plus universel ; il ne s’est pas minutieusement préoccupé de la couleur locale et de l’érudition mythologique, comme on l’a fait depuis avec une exagération funeste à la pensée, c’est-à-dire à la poésie elle-même. La mythologie grecque et la poésie antique ont suscité dans ces dernières années des imitations qui portent sur l’aspect matériel de l’art, de la religion, de la civilisation, mais non sur leur véritable esprit, qui restent sans rapport avec nos propres idées, et, par conséquent, sans autre intérêt pour nous que l’intérêt archéologique. A l’époque où fut écrit ce poëme, l’antiquité et les divinités classiques étaient encore sous le coup d’un anathème lancé par l’école qui tentait de rattacher l’art moderne au seul art du moyen âge. Cet anathème était en quelque sorte justifié par l’emploi ridicule que le dix-huitième et même le dix-septième siècle ont fait de la mythologie.

André Chénier, en renouvelant les couleurs poétiques et la forme du vers, n’avait pas songé à pénétrer le sens profond des fables helléniques. S’il emprunte au génie grec la richesse de son pinceau et sa voluptueuse élégance, il n’a voulu prendre à la mythologie que des noms harmonieux. C’est en restituant aux mythes anciens leur sens philosophique et religieux, que l’on peut aujourd’hui leur donner cours dans la poésie. Envisagés ainsi, ces sujets sont éternels, car ils touchent à des questions de toutes les époques, et ils ont de plus une simplicité, une lumière,