Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/14

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une beauté plastique difficiles à trouver en dehors de la tradition gréco-latine.

Ce n’est donc pas sous l’influence des vieilles habitudes mythologiques des trois derniers siècles, ou par imitation de l’hellénisme plus pur d’André Chénier, que le poëme de Psyché a été conçu ; c’est comme un essai pour restaurer dans l’art, à l’aide de la philosophie, les symboles les plus élégants, les plus clairs, les plus humains dont l’imagination se soit servie pour exprimer dans sa langue les grandes idées métaphysiques et morales. Sainement comprises, les fables d’Homère sont aussi voisines de la vérité religieuse que les doctrines de Platon ; à ce titre, elles appartiennent à la poésie de tous les temps, et rien n’interdit à l’artiste moderne de les remettre sur la scène quand il trouve en elles les figures les mieux appropriées à sa pensée.

Pour intéresser, pour émouvoir, pour enseigner, un sujet chrétien offre sans doute mille avantages ; mais des raisons graves, indépendamment du goût personnel, indiquaient au poëte, à l’esprit philosophique, l’histoire païenne de Psyché. L’idée de ce mythe est merveilleusement conforme à la métaphysique chrétienne ; elle prouve, dans les grandes questions de l’origine du mal, de l’expiation, des destinées de l’âme, une parfaite concordance entre les données de la raison, la mythologie grecque et nos propres traditions religieuses. D’un autre côté, le caractère profane du sujet laisse au poëte toute la liberté dont l’imagination