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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/15

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a besoin pour ajouter ou retrancher des incidents, pour les interpréter, pour combiner un drame, pour exprimer l’âme de l’artiste avec ses inquiétudes, ses croyances, ses regrets, ses aspirations, en un mot, pour-faire une œuvre d’art ; car il n’y a pas d’art sans liberté. Quelle que soit la matière que traite un poëte, même sous l’empire de la foi la plus absolue, il a besoin de se sentir libre dans sa pensée, de n’avoir à craindre ni l’autorité extérieure, ni sa propre conscience, et de donner franchement carrière à son sens personnel ; sans quoi pas d’œuvre originale et vraiment poétique. En choisissant sa donnée dans la mythologie païenne, une donnée identique par le fond aux traditions du christianisme, l’auteur avait l’avantage de rester à la fois et dans le respect de ces traditions et dans sa pleine liberté d’esprit

Le symbole de Psyché n’appartient pas à la mythologie proprement dite, ce n’est point un mythe primitif, comme ceux de Prométhée, de Pandore et d’Orphée ; il est postérieur à l’âge sacerdotal, peut-être même à l’âge poétique de la Grèce ; il est d’origine philosophique et semble ne pas remonter au delà de l’école platonicienne. Apulée est le premier qui nous ait transmis cette fable dans le célèbre épisode qui forme les livres IV, V et VI de son Ane d’or. Il suffit de lire ce récit pour reconnaître que, sous le voile de l’allégorie, il cache un sens métaphysique très-profond ; mais il n’est pas aussi facile d’en pénétrer le véritable esprit. Les rêveries de l’illuminisme