Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/17

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pas créé. Si nous n’en trouvons pas avant lui de traces écrites, un grand nombre de monuments de l’art antique, bas-reliefs, statues et pierres gravées, attestent que ce beau mythe des destinées de l’âme était répandu chez les Grecs bien longtemps avant de servir de thème aux fantaisies allégoriques de l’Ane d’or.

En comparant le récit d’Apulée avec les monuments antérieurs qui retracent quelques circonstances de l’histoire de Psyché, on arrive à faire la part de l’imagination de l’écrivain latin et celle de la fable primitive. Aucun de ces incidents inexplicables par la saine philosophie, et qui abondent chez Apulée, ne se retrouve dans les représentations de l’art. Le drame s’y montre beaucoup plus simple. Les seules scènes que la sculpture ait reproduites sont les scènes analogues aux autres principaux mythes sur la chute cl la réhabilitation, celles dont la signification philosophique est évidente et qui se prêtent le mieux aux conditions de la poésie et du ciseau.

La concordance du sens de cette fable avec les idées de la Genèse et de l’Évangile ne pouvait échapper aux premiers auteurs chrétiens, si noblement empressés de rechercher dans la philosophie grecque tout ce qui pouvait la rattacher à la tradition du Christ. Fulgence, évoque de Carthage au sixième siècle, a donné de l’histoire de Psyché et d’Éros une explication tirée de la mystique de l’Église. Mais le pieux auteur, avec l’esprit de son temps, s’attache trop aux allégories secondaires ; son interprétation chrétienne