Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/18

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est tout arbitraire, comme celle qu’Apulée lui-même aurait pu donner à son récit dans le sens de l’illuminisme et de la magie. Fulgence a été subtil comme un docteur du moyen âge là où il fallait être aussi simple que Moïse ou qu’Homère. Des témoignages d’un autre genre, plus anciens et plus irrécusables, attestent que, dès l’origine, l’Église avait expliqué dans le sens de ses doctrines l’histoire de Psyché ; on la voit représentée sur un grand nombre de tombeaux chrétiens des premiers siècles.

Le côté purement poétique de cette allégorie était de nature à séduire tous les esprits. Le sujet est devenu populaire ; il n’en est pas qui ait fourni plus d’inspirations aux artistes et aux poètes. Corneille et Molière ont daigné y attacher leur nom en collaboration avec Quinault, et transporter le conte d’Apulée sur la scène, pour les plaisirs du grand roi. La Fontaine en a fait une gracieuse pastorale à laquelle il attachait lui-même beaucoup d’importance, car il en a écrit : « J’ai trouvé de plus grandes difficultés dans cet ouvrage qu’en aucun autre qui soit sorti de ma plume. » Raphaël a donné l’immortalité à Psyché dans ses incomparables dessins et dans les fresques de la Farnésine.

Mais le seul auteur moderne qui semble avoir compris tout ce qu’il y a de sérieux et de profond dans cette fable, c’est Calderon. Dans ses Autos sacramentelles, où le mythe de Prométhée est également traité à un point de vue fort élevé, se trouve un petit drame