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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/181

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Vous le savez, mon ami, je contenais à peine devant vous le besoin de révéler les merveilleuses profondeurs de votre âme, où Dieu m’accorda de lire plus avant que personne, et qui ne tarissait pas pour moi de douce affection et de graves enseignements. Aujourd’hui, ces poésies animées de votre souffle vont se produire dans un monde où vous n’êtes plus ; à tous ceux qui leur feront accueil, je veux qu’elles rendent témoignage de l’abondance de vie que mon esprit a reçue du vôtre. Pendant ces années fraternelles de notre jeunesse, tourmenté de la soif commune, j’ai puisé à bien des sources de savoir ; j’ai ouvert bien des livres, j’ai interrogé bien des hommes, et jamais je n’obtins des paroles si fécondes que les vôtres sur les choses de l’âme et sur celles de Dieu.

Vous possédiez quelque chose de mieux que toutes les sciences acquises par l’étude froide et bornée ; ce rayon qui illumine tout homme venant en ce monde, vous le portiez en vous plus large et plus ardent, plus pur de toutes les ombres qu’y mêlent chez nous les égarements de la volonté. Vous regardiez tout à cette lumière, et vous jugiez plus sagement, avec votre instinct rapide, que tout autre avec le lent appareil de la réflexion. Votre cœur riche de l’élément divin retrouvait et reconnaissait partout la divinité. Vous aviez le don de sentir sans hésitation ce que chaque objet renferme en soi de l’éternel et de l’absolu. De là chez vous cette indulgence qui nous étonnait, pour