Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/200

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Notre esprit cherche encor le bien qui l’a tenté.
Est-il ici ? Tu sais lequel !… La Vérité !


L’HIÉROPHANTE.


Tant que vos sens craindront le toucher de la flamme,
Hommes ! la vérité n’est pas faite pour l’âme !
Si les dieux n’en voilaient les rayons trop ardents,
Ce flambeau brûlerait les yeux des imprudents.
Si la terre approchait du dieu qui la féconde,
Un éclair de son char aurait dissous le monde.
Nul, dans ce feu, ne prend les charbons à son gré ;
Ce qu’il faut à chaque âge est là-haut mesuré.
La lampe surgira ; mais malheur au profane
Qui brise avant le temps son urne diaphane !
N’entrez pas au saint lieu pour en sonder les murs
Et creuser sous l’autel. •Dans les trépieds obscurs
Craignez de réveiller quelques clartés funèbres,
Mortels ! et rendez grâce aux dieux de vos ténèbres !


LE CHŒUR.


La vérité, c’est l’air que respire l’esprit,
L’aliment créateur dont l’âme se nourrit ;
C’est l’haleine des dieux, c’est leur sang qui circule :
Mais ce n’est point un feu qui tue, un vent qui brûle.
O prêtre ! à t’écouter, c’est un fleuve d’enfer
Où. l’homme ne saurait tomber sans étouffer !
O science ! ô science ! ô lac tiède et fluide
Qui baigne les jardins de l’Olympe splendide,
Mer immatérielle aux flots mélodieux,
Où plonge en s’abreuvant l’heureux peuple des dieux !
Sur leurs longs cheveux d’or d’où ton onde ruisselle
Quand l’âme voit de loin jaillir une étincelle,