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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/221

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Et l’hymne où mille cris jetaient un sens étrange,
Tu l’entendras chanter, pur de tout vil mélange.
Chaque jour écartant un vain sujet d’effroi,
La nature s’approche et tend les bras vers toi ;
Vous pourrez vous aimer et vous parler en face ;
Plus d’œil caché dam l’ombre et d’Argus qui vous glace.
Sans passer à travers les flûtes des Sylvains,
Le vent de sa poitrine aura des sons divins ;
Sa voix, de jour en jour moins mystique et plus tendre,
T’expliquera les mots que nul n’a su comprendre ;
A son grand livre ouvert, dans un antre inconnu,
Comme en ton propre cœur tu pourras lire à nu.
Vous serez confondus dans un hymen suprême ;
Tu croiras dans ses bruits t’ouïr chanter toi-même :
Car cette âme qui coule et mugit dans les bois
S’agite dans ton sang, soupire dans ta voix.
Au lieu du vieux chaos où luttaient les génies,
Un monde va s’ouvrir tout peuplé d’harmonies,
Et tu seras le cri de ce dieu souverain
Qui se parle à lui-même avec l’organe humain !

Hommes ! l’ardent soleil dont un âge s’éclaire
Est pour l’âge qui suit un feu crépusculaire ;
Le flambeau de vos fils, qui d’avance vous luit,
Près du jour à venir n’est encor qu’une nuit !
A chaque heure l’éther brille de plus de flamme,
Et pour s’en pénétrer s’élargit l’œil de l’âme.
Chaque jour ce grand lac qui croît incessamment
Réfléchit plus au loin l’azur du firmament ;
Chaque jour il enferme une nouvelle étoile ;
Le ciel, pour s’y mirer, jette son dernier voile,
Jusqu’à l’embrassement immense et triomphal
Où doivent s’absorber la terre et l’idéal.
Alors, dans l’Océan, dont elles sont les gouttes,