Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/267

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Sur l’herbe, à ses côtés, le daim et le chevreuil
Dorment las de bondir ; le joyeux écureuil
Autour de son cou glisse, et court sur ses épaules ;
Les oiseaux envolés des buissons et des saules
Vont jusque dans sa main becqueter par instants
De sorbe et d’alizier quelques grains éclatants.
La vie ainsi près d’elle abonde, et la nature
Lui sourit par les yeux de chaque créature :
Car l’invisible mère, en son sein triomphant,
Berçait avec orgueil son plus divin enfant.

Cet exil dans les bois, ces ébats sur les cimes,
Dans les prés suspendus au bord des verts abîmes,
Avec les jeunes faons les luttes et les jeux,
Des mutuels instincts cet accord merveilleux,
Le babil des oiseaux et ses propres réponses,
Les nids faits, sous ses yeux, dans les blés ou les ronces,
Les sources et les fleurs devinant ses désirs,
C’étaient là d’Hermia l’enfance et ses plaisirs.

Pour les bois, de ses sœurs elle fuyait les rondes,
Et ces groupes joyeux de jeunes têtes blondes
Qui se roulent dans l’herbe, au pied des grands noyers,
Et de leurs cris, le soir, égayent les foyers ;
Préférant pour amis, dans son humeur sauvage ;
Les hôtes du désert aux enfants du village.
De l’arracher une heure à sa chère forêt
Les baisers de sa mère eurent seuls le secret.

Pour être ainsi rebelle aux amitiés humaines,
Et régner dans les bois comme en ses vrais domaines,
Dans le sein d’une femme avant d’être enfermé,
De quels esprits divins le sien fut-il formé ?
S’était-il exhalé du souffle des fontaines ?
Avait-il voyagé dans les eaux souterraines,