Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/278

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Ainsi, lorsqu’à travers les plantes sans culture,
Rayon d’une clarté plus intime et plus pure,
Hermia paraissait, sous ses yeux pénétrants
Les esprits des forêts jaillissaient à torrents,
Et tout ce qu’à nos sens, sous le soleil visible,
Cybèle en ses replis garde d’inaccessible,
Ces bruits intérieurs plus féconds et plus doux
Que l’âme seule entend, se révélaient à nous.
Alors c’était parmi les choses réjouies
Un réveil des splendeurs sous la forme enfouies,
Des âmes le concert entendu sous les corps,
Une apparition de leurs secrets ressorts,
Et Dieu manifesté nous laissant apparaître
Quelle est dans le grand tout la raison de chaque être.
Dans la nature ainsi je prenais des leçons ;
Sur les pas d’Hermia parcourant les saisons,
J’épelais sous son doigt les divins caractères
Dont la vie a formé les mots de ses mystères,
Et, lisant le symbole en tout ce monde écrit,
J’apprenais à percer les voiles de l’esprit.
Tous deux interrogeant les eaux vives ou lentes,
Nous discernions leurs voix différemment parlantes,
Les échos variés mourant dans les ravins,
Le bruit distinct du chêne et celui des sapins,
Et les vents dont chacun des branches qu’il traverse
Fait sortir, selon l’arbre, une note diverse.
Des nuages sculptés en mobiles tableaux,
Nous voyions au couchant s’enflammer les signaux ;
Sur chaque lettre sombre ou de pourpre vêtue
Nous cherchions de quel ton le soleil l’accentue,
Et la nuit, dans l’azur où Dieu les a tracés,
Lisions ces chiffres d’or qui roulent enlacés.
Elle savait dans l’air les routes parcourues