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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/279

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Par les migrations des cygnes et des grues,
De chaque oiseau les mœurs, le langage, et comment
L’art de bâtir les nids leur échoit en s’aimant,
Et quel est de chacun la sœur entre les plantes :
Car, les rapports secrets des natures vivantes,
Par quel lien sacré, mystérieux, profond..
Chaque degré de l’être aux autres correspond,
Elle avait tout senti ; nos désirs, nos pensées
Dans les fleurs, dans les nids, intimement versées,
Sous la feuille ou la plume, à travers tous les corps,
Elle en suivait le germe ; et savait quels accords,
Dans l’évolution par Dieu même guidée,
Unissent la couleur et la forme à l’idée.

Vous plantes, vous, surtout, dont le soleil revêt
Cybèle aux larges flancs comme d’un frais duvet,
Fleurs qui brodez les plis de sa verte ceinture,
Arbres, des monts courbés mobile chevelure,
Hermia vous aimait ; la paix et la douceur,
Et la sérénité, la firent votre sœur.
Elle connut les noms dont Dieu vous a nommées,
Et de quels sucs choisis vos sèves sont formées,
Vos rêves printaniers, vos plaisirs, et les lois
De vos amours lointains déterminant le choix,
Et votre langue habile aux tendres mélodies,
Et toutes vos vertus longtemps approfondies.
Elle comprit pourquoi, montant ou s’abaissant,
Et par des nœuds secrets attachés au croissant,
Dans vos soyeux tissus les arômes qui glissent
A la reine des nuits de si loin obéissent.
A vous initié, j’appris d’elle à savoir
Des simples sur nos corps le magique pouvoir,
A quelle heure, en quel lieu, toute plante sacrée
Doit être recueillie, et comment préparée,