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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/282

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divin souffle y coule à tous moments,
La terre ainsi que l’âme a ses déchirements !

O mal, d’où venez-vous ? qui sait ce que vous êtes ?
Dans quelles régions se forment les tempêtes ?
Quand l’orage s’abat sur nos fronts foudroyés,
Est-ce vous, ô mon Dieu ! vous qui nous l’envoyez ?
Mais vous êtes l’amour, mais vous êtes la vie,
Et la perfection d’elle-même assouvie ;
Être, pour vous, ô Dieu ! c’est créer, c’est bénir ;
Non, ce n’est point d’en haut que le mal peut venir !

C’est de ton propre sein que sortent les nuages
Et les noirs éléments du trouble et des orages,
O terre ! en toi dormaient tous ces éclairs brûlants
Que t’arrache le ciel pour en frapper tes flancs !
Ainsi crainte, remords, doute, orages suprêmes,
Votre invisible cause habite dans nous-mêmes.
Des assauts répétés que subit notre cœur
En vain nous accusons le monde extérieur ;
L’homme en lui, comme toi, porte, ô triste nature !
Le germe renaissant du mal qui le torture.

Et cependant, ô père, ô créateur d’heureux !
De toi, pour y rentrer, nous sortons tous les deux !
Dans l’œuvre où tu te plais, et qui vit de ton être,
Si rien n’est que par toi, d’où vient le mal, ô maître ?
Comment au fond du bien le mal s’est-il produit ?
De ce problème en vain j’interrogeai la nuit ;
Ni les bois, ni les mers, ni ma vierge divine,
Ne m’ont rien révélé de la triste origine.

Dieu garde ce secret ; mais, ô sainte Hermia !
Nature que mon cœur de parler supplia !