Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


» Haleine des forêts, des cités et des ondes,
Souffle que tout respire et qu’on ne peut tarir ;
Des jardins inconnus semences vagabondes,
Germes qui demandez une place où fleurir ;

» Rayons, accords, parfums que les vents précipitent,
Voix qui montez du globe et qui tombez du ciel,
Mélodieux roulis des sphères qui palpitent,
Mouvement cadencé sur un rhythme éternel !

» Et vous, lumière interne, espoir, saintes pensées,
Grâces que l’invisible envoie à son amant,
Eaux vives de l’esprit par Dieu même versées,
Qui des sources d’en haut coulez à ce moment ;

» Vous, prières, douleurs, travaux, vertus secrètes,
Parfums nés pour le ciel qui montez de là-bas,
Actions des élus et chansons des poètes,
Courant de l’idéal qui ne tarissez pas ;

» Paroles qui flottez de l’âme à la nature,
Échanges de l’amour qui donne et qui reçoit,
Part de l’être accordée à chaque créature,
Forces du Dieu caché que le cœur aperçoit !

» Affluez, affluez autour de cette cime,
D’un nuage vivant que j’y sois revêtu,
Unissez-vous à moi dans un mélange intime,
Vertus du monde entier, devenez ma vertu ! »

Ainsi, j’ouvrais mon âme aspirant dans l’espace
Ce grand souffle de Dieu qui passe et qui repasse,
Et, le sentant couler dans mes sens agrandis,
Je saluai trois fois le ciel, et j’étendis
Mes deux bras secouant l’effluve magnétique,
Au nord, vers le Jura, vers la ville helvétique,