Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/301

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Où Dieu vous a conduit loin de toute amitié,
Vous avec qui toujours je pense de moitié.

« Recevez, recevez l’esprit qui me pénètre
Et le surcroît de vie ajoutée à mon être ;
Soyez, autant qu’aimé, soyez calme et puissant ;
Recevez à la fois et ma force et ma joie ;
Mon âme a recueilli, mon âme vous envoie
D’ici tout ce qui monte et tout ce qui descend.

» Entrez en lui, rayons, parfums, musique, aurore !
Clartés dont l’horizon s’anime et se colore,
Coulez avec lenteur pour qu’il n’en perde rien ;
Esprit de Dieu flottant sur l’océan des mondes,
Lumière où je me baigne, extase qui m’inondes
Descendez dans son cœur, en passant par le mien !

» Divin balancement des flots, des bois, des nues,
Sphères qui décrivez des danses inconnues,
Bruits des astres lointains, des fleuves, des forêts,
Accord universel, musique saisissante
De tout ce qui se meut et de tout ce qui chante,
Vous qui des cœurs guidez les battements secrets ;

» Esprits qui dirigez l’ascension des sèves,
Urnes qui répandez la pensée et les rêves,
Essor auquel mon cœur s’abandonne aujourd’hui,
Donnez-lui le vouloir, l’action forte et sûre,
Réglez de tous ses pas le mode et la mesure,
Versez à travers moi votre harmonie en lui.

» Haleine du désert, senteurs dont je m’enivre,
Souffle de l’idéal qui m’avez fait revivre,
Par qui toute blessure est prompte à se fermer ;
Arômes fécondants que la brise balaie,
Descendez dans son cœur et pansez chaque plaie ;
Autant qu’il a souffert faites qu’il puisse aimer !