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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/302

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» Tombez, grains et rosée, en cette âme choisie,
Ravivez les moissons qu’attend la poésie ;
Qu’en lui l’homme nouveau sorte de l’homme ancien ;
Mûrissez, ô soleil, les épis qu’il nous cache
Dans les sillons secrets : car il faut qu’on le sache,
Le beau fut dans son cœur semé comme le bien.

» Que chacun de mes doigts, d’où in/m âme ruisselle,
Du feu que j’aspirai lui versé une étincelle ;
Qu’il soit fortifié des forces que je prends ;
Que je fasse, investi pour lui d’un sacerdoce,
Du trépied solennel où mon amour m’exhausse,
Les bénédictions s’épancher par torrents ! »

Ami dont la pensée est partout ma compagne,
Voilà ce que j’ai dit pour vous sur la montagne.



III

À une branche d’amandier

 
Déjà mille boutons rougissants et gonflés,
          Et mille fleurs d’ivoire,
Forment de longs rubans et des nœuds étoilés
          Sur votre écorce noire,

Jeune branche ! et pourtant sous son linceul neigeux,
          Dans la brume incolore,
Entre l’azur du ciel et nos sillons fangeux
          Février flotte encore.