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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/309

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Aura secoué la rosée
Avec le rameau sibyllin !



VI

Aux Absents


 
Ce soir au bord du lac, à l’ombre, sur la mousse,
La nature est si belle et la vie est si douce,
Cette forêt de pins murmure un chant si pur,
Cette prairie exhale une odeur si calmante,
En tons si délicats de cette onde dormante
Les roses du couchant on nuancé l’azur ;

D’un air si transparent la montagne est baignée ;
Mon âme de ta paix est si bien imprégnée,
Que je ne songe plus, nature, à t’admirer.
C’est un désir plus doux qu’avec l’air je respire ;
Je cherche autour de moi des yeux à qui sourire,
Ma main cherche des mains que je voudrais serrer.

Que ne puis-je, ô nature ! à tes autels en flammes,
Convier avec moi toutes les saintes âmes,
Avec elles goûter cette extase à genoux !
Seul, ainsi, s’enivrer de la beauté d’un monde,
C’est un bonheur impie où l’amertume abonde,
Et tout cet infini laisse du vide en nous.

Cette ivresse, pourtant, je la puise en Dieu même ;
Mais, pour y prendre part, où sont tous ceux que j’aime ?