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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/318

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A tes pieds, les rumeurs et les échos varient ;
Du sein de ces forêts et des prés d’alentour
S’élèvent bien des voix qui pleurent ou qui rient ;
Les chants et les soupirs en montent tour à tour.

Dans la chapelle, ici, gémissent les prières ;
Près du mur, des passants se disputent entre eux ;
Des baisers ont frémi sur le bord des clairières ;
Là-bas le laboureur excite ses grands bœufs.

Ainsi l’homme se mêle aux sons que tu disperses !
Et, dans le calme essor de tes vibrations,
Ainsi meurt et renaît, en des notes diverses,
Le bruit de nos travaux et de nos passions.

Et la nature aussi, cette voix éternelle,
Ce clavier infini que nul n’a mesuré,
Des tons, en un moment, parcourt la grande échelle,
Gémit, gronde et sourit après avoir pleuré.

Selon que la forêt ou grandit ou décline,
Le vallon rend là-bas des accords différents !
Dans ces ravins, coulant de la même colline,
L’eau soupire en ruisseaux ou gémit en torrents.

La nature avec nous regrette, invoque, aspire,
Tour à tour, doute, espoir ou crainte y sont vainqueurs,
Et, pour longtemps encor, sur cette immense lyre
L’harmonie est changeante, ainsi que dans nos cœurs.

Toi pourtant, quels que soient la saison, le jour, l’heure,
Dans le calme ou l’orage ayant le même son,
Tu nous diras, du haut de la sainte demeure,
Toujours le même mot et la même leçon.

Parole incorruptible, enseignements suprêmes !
Grande voix dominant tons les bruits d’ici-bas,