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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/319

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Semblable à cette voix qui parle dans nous-mêmes,
Nous suit, et cependant ne nous appartient pas !

Ce mot qui te remplit, ce nom que tu proclames,
Pensée à ton métal mêlée au sein du feu,
Souffle d’éternité qui soulève nos âmes,
C’est le nom, la pensée et le souffle de Dieu.

Et tu la sèmeras ton immuable idée,
Des cités aux forêts, des sommets aux vallons ;
Et, comme d’harmonie une mer débordée,
Ta voix nous poursuivra partout où nous allons.

De l’encens et du sel si le prêtre t’honore,
C’est qu’il consacre en toi le psaume fait airain ;
De tous les instruments, tu n’es le plus sonore
Que pour proclamer Dieu d’un ton plus souverain.

Répands donc, répands donc, par toute la nature,
Ce nom qu’au fond du cœur chaque homme doit sentir,
Et qu’il ne soit pas d’antre et d’âme assez impure,
Où ton pieux écho n’aille au loin retentir.


II

Et moi, l’oisif amant des bois et des prairies,
Qui, de leurs doux esprits enivré trop souvent,
Laisse fuir ma pensée en molles rêveries,
Et disperse ma vie au souffle de tout vent ;

Moi qu’avec un bruit d’onde, une haleine de roses,
La brise, dont ce tremble à peine est agité,
Mêlant mon âme errante avec l’âme des choses,
Peut emporter si loin hors de l’humanité ;

Lorsque j’irai, perdu dans les forêts prochaines,
Des actives cités déserteur affaibli,