Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/46

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si vastes que l’homme pourra encore progresser dans leur sein à travers l’autre monde, sans atteindre le terme de cet infini. Exciter l’âme, la fortifier par la contemplation et l’amour du beau, qui fait croître ses ailes, comme le dit Platon, et l’élever ainsi au-dessus de tout ce qui est moins pur, moins noble, moins durable qu’elle, pour la rapprocher de ce qui est immortel et divin ; faire éclore et nourrir à la chaleur douce et continue que répand la beauté calme et sereine, c’est-à-dire la vraie beauté, cet enthousiasme intime, patient, car il est éternel, qui est l’essor même de l’âme vers son vrai but, qui se distingue de la passion, qui la contient, qui la dompte, qui la dirige, telle doit être l’œuvre intérieure de la m poésie. Quand elle a pu l’accomplir, elle est suffisamment humaine, vivante et morale ; il n’est pas nécessaire pour cela qu’elle exalte le tempérament parla violence des couleurs matérielles, ou qu’elle apporte à l’esprit des raisonnements et des convictions mathématiques. Les aspirations qu’elle suscite en mettant l’âme en présence du beau, la poésie doit les diriger sans doute vers la justice, la force, la tempérance, le respect et la domination de soi-même, la patience, le sacrifice, l’amour des hommes et l’adoration de Dieu. Or, toutes ces vertus avaient un nom et des modèles avant l’heure présente, et les siècles à venir n’y ajouteront pas un nom nouveau, parce qu’elles comprennent tout. La poésie qui les fait aimer est suffisamment sociale. Si elle a été capable de donner à