Page:Lara - Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

110

CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE



peu partout : à la Revue de Paris, à l’Artiste, dans le Magasin Pittoresque, dans le Corsaire, où il avait été le camarade de Murger, dans le Magasin des Familles, la Gazette de Paris, le Figaro, le Messager, le Mousquetaire, le journal d’Alexandre Dumas, le Siècle, etc., etc.

Sans le journal, Privat d’Anglemont n’eût pas été amené à écrire ces deux livres, qui semblaient un léger bagage, devant la postérité, et qui ont survécu.

C’est bien à tort qu’en 1928, M. Jules Mouquet, en publiant aux Editions Emile-Paul un volume de Vers retrouvés de Baudelaire, a prétendu que Baudelaire a fait paraître une partie de ses Juvénilia sous le nom d’Alexandre Privat d’Anglemont. Des critiques ont vivement discuté la thèse de M. Mouquet. Dans le Quotidien du 16 avril 1928, M. Gustave Kahn a ainsi examiné le problème posé par M. Mouquet :

"Ce qui a encouragé M. Mouquet à verser vingt poèmes à l’œuvre de Baudelaire, c’est que rien de ce qui touche à Baudelaire n’est indifférent.

"Puis, il a caution (il est vrai que c’est une caution médiocre) d’Arsène Houssaye, qui restituait à Baudelaire quelques sonnets publiés dans l’Artiste, sous la signature de Privat d’Anglemont.

"Pourquoi ? Privat qui vivait très près de Baudelaire et de Banville, et dont la générosité, au début du mois était célèbre, se trouvait-il "fauché" ? Lui fallut-il attendrir Houssaye, à qui il manquait toujours une page et un dessin pour boucler son numéro ? En tout cas, ces sonnets ne sont pas indignes de Baudelaire.

Si votre corps poli se tord comme un jeune arbre,
Et si le lourd damas sur votre sein de marbre
Comme un fleuve en courroux ruisselle en flots mouvants…

"Néanmoins, Alfred Delvau, qui connaissait fort bien Baudelaire, a publié, comme de Privat d’Anglemont, dans l’édition posthume du Paris inconnu de Privat, les quelques sonnets que M. Mouquet repasse à Baudelaire[1].

"Qu’en conclure ? N’est-ce point que Baudelaire influença si fortement Prarond et d’Anglemont que ceux-ci imbriquèrent à certains de leurs poèmes, et au moment de leur vie où ils l’approchèrent davantage, des échos de sa pensée."

  1. Le lecteur trouvera plus loin deux de ces sonnets que nous avons extrait de l’édition de Paris Inconnu d’Alfred Delvau (1875)