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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE



Grâce à l’éloquence de Berryer, l’avocat de Ney, Lamennais et Chateaubriand, l’accusé fut acquitté par la Cour de Rouen[1].

Mais, peu après, M. de Meynard, de la Martinique, fait des révélations : il avait assisté, le matin du duel, à l’essai des pistolets chez le vicomte d’Equevilley, l’un des témoins de Rosemond de Beauvallon. Celui-ci, accourt d’Espagne où il s’était retiré et vient témoigner en faveur de d’Equevilley. Mais M. de Meynard soutient son accusation : il précise les faits. Le 31 août 1847, le vicomte d’Equevilley comparaît devant la Cour d’Assises de la Seine. Il est condamné à dix ans de réclusion. Rosemond de Beauvallon est poursuivi pour faux-témoignage, et, le 8 octobre 1847, la Cour d’Assises le condamne à huit années de réclusion, malgré ses protestations d’innocence.

Ce procès est devenu historique ; il en est parlé dans les Codes de Duel, dans l’Encyclopédie de Larousse et d’autres ouvrages[2].

Découragé, Bosemond de Beauvallon ne continua plus la publication de ses études sur les colonies. Mais il ne brisa pas sa plume. Il revint au pays natal et prit la direction de l’Echo de la Guadeloupe. Il affirma bruyamment son indéfectible espérance en une restauration napoléonnienne. Il garda longtemps cette illusion. Polémiste ardent, il jouta avec Auguste Isaac qui dirigeait alors le Progrès de la Guadeloupe.

Le Courrier de la Guadeloupe avait remplacé l’Echo et la lutte devait prendre fin par la capitulation de Rosemond de Beauvallon. Non pas qu’il se retira volontairement de la lice ; il avait trop de courage et d’orgueil pour se déclarer battu. Ses amis, pour des raisons politiques, passèrent la direction du Courrier de'

  1. Témoin, Alexandre Dumas eut à la Cour d’Assises, avec le président, le dialogue suivant, souvent rapporté :

    — Veuillez décliner vos nom et prénoms ?
    — Alexandre Dumas, marquis Davy de la Pailleterie.
    — Votre age ?
    — Quarante-deux ans.
    — Votre profession ?
    — Je dirais auteur dramatique, si je n’étais dans la patrie du grand Corneille.

  2. En 1927, M. Pierre Bouchardon, magistrat, a publié chez Albin Michel, le Duel du Chemin de la Favorite, du nom de la clairière du Bois de Boulogne, le Chemin dit de la Favorite, où eut lieu le duel Beauvallon-Dujarrier, le mardi 11 mars 1845. Le duel et les procès criminels qui en découlèrent sont relatés avec d’autant plus d’intérêt que l’auteur s’est servi, pour sa narration, des dossiers qu’il a eus en mains. D’autre part, en juillet 1935, Madame Françoise Moser, dans l’Intransigeant et M. Marius Boisson, dans Vendémiaire, ont publié d’intéressantes études sur "l’extraordinaire existence de Lola Montès" et sur "Lola... Lola... fleur de Séville", dans lesquelles il est parlé du duel Dujarrier-Beauvallon, avec beaucoup de détails.