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A LA PENSÉE FRANÇAISE



la Guadeloupe à un autre, sinon plus habile, du moins plus disposé à ne pas affirmer trop bruyamment certaines opinions.

Tout en dirigeant le journal, Rosemond de Beauvallon écrivait des romans de mœurs créoles qui, à leur publication, firent sensation, car on y voulut voir des romans à clef. Dans Hier, Aujourd’hui et Demain, il posa certains principes qui, ces temps derniers, eurent leur heure de triomphe. Dans la Charmeuse, il dépeignit des quartiers de la Pointe-à-Pitre : la rue Henri IV, le Cimetière, l’Hôtel des Bains, avec ses touffes de bambous, transformé depuis.

Sa dernière œuvre, les Corsaires de la Guadeloupe sous Victor Hugues, imprimé chez Paul Dupont et publiée en 1901, — l’auteur avait alors quatre-vingt-deux ans, — est "une des pages les plus glorieuses et les plus ignorées de notre histoire et des annales de la marine française".

"Ce volume, dit-il, devait paraître en feuilleton dans le Figaro, mon ami Francis Magnard m’avait accordé un tour de faveur. Les circonstances en décidèrent autrement.



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LA RÉGION SOUS LE VENT



De la Basse-Terre à l’anse de Deshayes, sur un parcours de 38 kilomètres, la côte occidentale de la Guadeloupe offre un panorama plein de surprise et d’enchantements.

Jamais décor mouvant d’opéra ne déroula sous les yeux du spectateur une succession de tableaux aussi rapides et aussi divers. A tout moment, le paysage change et chaque détail a l’air arrangé à souhait pour les besoins du pittoresque.

On ne peut détacher ses regards de la merveilleuse vision. Les falaises et les montagnes se succèdent, variant leurs lignes et leurs couleurs dans les aspects les plus imprévus. Ici, douces à la vue et s’élevant par une pente sensible ; là, farouches et à pic, couverte d’une verdure parfois riche et vigoureuse, le plus souvent sombre et triste, arrondissant leurs flancs joyeux chargés d’arbres et de pâturages, ou dressant d’un air morne leurs masses nues, pelées et calcinées.