Page:Lara - Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936.djvu/216

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La colonie entière à tes ordres soumise
Souscrivit avec joie à ta sainte entreprise,
Et partout sous tes pas reverdissaient nos champs.
Tous les cœurs proclamant ton noble caractère,
Bénissaient le Seigneur d’avoir fait de ta mère
L’idole de tes sentiments.

Mais une île voisine[1] aimante et généreuse,
Voulant te confier la charge précieuse
De défendre ses droits sous le soleil français,
Tu ne balanças point, car en défendant l’une,
La cause des deux sœurs étant toujours commune,
Pour ta mère aussi tu plaidais.

Quel astre fit « pâlir ton étoile éclipsée ! »
Quel grand événement ébranla ta pensée
Quand la France changea de nom et de destin !…
A tes premiers liens tu demeuras fidèle,
Un scrupule puissant l’emporta sur ton zèle
Et te désigna Saint-Martin[2].


Saint-Martin te reçut et bientôt ton génie
Le fit sortir enfin de sa longue agonie
Tu lui voulus créer un commerce important[3].
Mais c’était bien au prix des plus grands sacrifices
Que tu l’allais placer sous tes chères auspices
Et devenir son habitant !

Pendant deux lustres près ta vaste intelligence
A de nombreux revers opposa sa constance.
Sur le sol étranger un généreux concours
Seconda comme en France un si noble courage,
Et déjà le succès couronnait ton ouvrage.
Quand la mort moissonna tes jours !…

  1. La Guadeloupe.
  2. Dépendance de la Guadeloupe.
  3. L’exploitation des salines.