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Page:Lara - Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936.djvu/217

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La mort ! oh qu’elle dut te paraître perfide
Quand elle te frappa de sa faux homicide !
Quand autour de ta couche, assemblant tes enfants,
Elle te les montra sous le faix des alarmes
Oubliant tout, hélas, pour donner à leurs larmes
Le libre cours des sentiments.

Nous te pleurons comme eux, et nos âmes sincères
Ne trouveront jamais de douleurs plus amères.
Ton nom nous sera cher ; par un culte pieux,
Nos cœurs proclameront tes vertus éminentes,
Et nos larmes, nos vœux, nos prières constantes
T’arriveront jusques aux cieux !…

Quand la mort vint t’offrir sa malheureuse coupe,
L’amitié t’envoya de notre Guadeloupe
Un grand et noble cœur qui sut la soutenir[1].
Ah ! que mon île aussi, cette sœur de la tienne,
Te lègue une douleur comparable à la mienne,
Et conserve ton souvenir !…

Pour qui sait ici-bas oublier ses misères
Et consacrer ses jours au bonheur de ses frères,
La tombe est le berceau de l’immortalité !…
Les siècles de son nom se font un héritage,
Sur les ailes du temps ses vertus d’âge en âge,
Passent à la postérité !

Oui tu vivras toujours et ta chère mémoire,
A l’avenir encor par un reflet de gloire,
Transmettra tes vertus et ton précieux nom.
Ton âme veillera sur nos chères Antilles,
Et les regrets touchants de nos mille familles
Seront pour toi, cher Perrinon !


Sainte-Marie, février 1861.



  1. Le général Frébault, gouverneur de la Guadeloupe.