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Page:Lara - Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936.djvu/42

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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE

et les colonies de la France, et sur le bill d’affranchissement des colonies anglaises. Saint-Aurèle Poirié mourut à l’âge de soixante ans, laissant de bien grands regrets.

LES FLIBUSTIERS


Sous le ciel embrasé de la zone Torride,
Apparaît tout à coup une race intrépide,
Qui, d’un monde énervé détestant la langueur,
Vient retremper son âme aux feux de l’Equateur,
Assemblage confus de grandeur et de crimes,
Exécrables brigands, et héros magnanimes,
Elevant vers les cieux des bras ensanglantés,
Ils volent du carnage au sein des voluptés.
Féroces ravisseurs d’innombrables richesses,
Ils dissipent leur proie en rapides largesses,
Des rois européens, ils méprisent la loi,
Parjures, mais entre eux esclaves de leur foi,
Fidèles aux statuts de la Flibusterie,
Vagabonds, adoptant l’Océan pour patrie ;
Dans des climats où tout sollicite au repos,
Gourant de mers en mers à des dangers nouveaux,
Et sans cesse étalant, de conquête en conquête,
Les prodiges sans fin d’une vie inquiète,
Quelques hommes, unis par des serments sacrés,
Bravent avec orgueil les peuples conjurés,
Régnent insolemment sur la terre et sur l’onde,
Et leur drapeau lugubre est la terreur du monde.
Au sein de leur pays, ces étonnants mortels
N’auraient sans doute été que d’obscurs criminels ;
Mais sous un ciel brûlant, leur fougueuse énergie,
Libre de son essor, éternisa leur vie.
Qui redira jamais leurs cent mille combats ?
Cités où leur courroux promena le trépas,
Parlez, vous avez vu leur valeur plus qu’humaine,
Grenade, Verra-Crux, Panama, Carthagène,