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Page:Lara - Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936.djvu/43

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À LA PENSÉE FRANÇAISE

Et cent autres encor dont les débris fumans
Ont roulé dans le sein des fleuves écumans.
La frayeur fait sur eux des récits incroyables.
L’Espagnol éperdu les dit invulnérables ;
Qu’un pacte affreux les lie aux esprits infernaux ;
Mais toute leur magie est d’être des héros.
Ils ont pour se connaître un signe symbolique
Et des mots consacrés par la foi catholique.
Tels sont les Flibustiers, et leur société
Est encore un roman pour la postérité.
1827.



LES ANTILLES


J’aime notre mer bleue et sa tempête ardente ;
J’aime des soleils chauds la lumière abondante,
Ces pitons que jamais mortel n’escalada,
Et nos mornes flanqués de forêts giboyeuses,
Nos nègres sans soucis, nos négresses rieuses
Et les chants de leur Calenda.

J’aime l’air embaumé des tièdes sucreries,
Et sous les tamarins les longues causeries,
Et le flot clapotant sur les palétuviers,
Et les vagues terreurs des lunes d’hivernage,
Et les nuages gris chassant sur leur passage
De noirs nuages de pluviers.

J’aime nos bons colons aux mœurs patriarcales
Racontant des aïeux les paisibles annales.
Comme aux jours d’Abraham assis sous les palmiers.
Et, couronnés d’enfants, saints gages de tendresse,
Festoyant l’étranger que le Seigneur adresse
A leurs repas hospitaliers.