Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/241

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Sans doute, ce magistrat rustique ignorait bien des choses que son cœur et sa raison de paysan et d’artisan n’auraient pu comprendre, mais il était réfléchi, droit, bon, et quand il nouait à sa ceinture l’écharpe des vieux consuls républicains, il ne manquait pas de prestige.

Il était le maire. Il avait les clefs de la Maison Commune, de la salle où l’on gardait les registres de l’état civil, le cadastre, la carte et les humbles archives qui certifiaient simplement que la prairie dite des Trois-Fayards et portant le numéro douze, appartenait, avec ses violettes du printemps et ses colchiques d’automne, à Durand Antoine ; que le champ vingt-huit, avec son blé vert et sa luzerne était à Durand Anselme ; que le bois des Pierres était bien communal, au pied de la montagne dont les roches à pic, les précipices, les sources glacées,