Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/50

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ture, il avait gagné le village où il était né, près de Tours ; sa mère et son père y vivaient encore dans une ancienne maison qui n’avait qu’un étage et un bout de jardin devant elle, pareil à une corbeille d’herbes potagères sur le tablier d’une bonne femme de la campagne.

Personne ne l’attendait que les deux vieux qui pensaient toujours à lui. Il rangea sa voiture sous le hangar, lui qui ne faisait pas un pas sans chef d’état-major et sans officier d’ordonnance, dans des automobiles qui portaient le fanion cravaté d’or des commandements suprêmes. Il alla lui-même puiser une carafe d’eau fraîche au puits et, dans l’humble salle à manger, devant la nappe qui avait servi pour son baptême, ce dur vainqueur aux cheveux à peine grisonnants souriait doucement, toujours vêtu de cet uniforme noir, sévère et sobre, sans une croix,