Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/59

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net, je ne sais plus où nous sommes. Il fait nuit, l’orage approche et je n’aperçois qu’une petite flamme vacillante au poing de notre ami… Je crains bien d’assister aux obsèques du Monsieur de la Vieille Europe dont nous entretenait tantôt le président du Conseil. Avant son arrivée, si tu te souviens, je faisais allusion aux dieux débonnaires et honnêtes qui moururent le 2 août 1914 quand la guerre fut déclarée. Ceux qui doivent les remplacer ne sont pas encore venus et c’est à cause de cela que le monde est dans l’angoisse. L’humanité n’a jamais pu vivre sans dieux. Je crois que ceux qu’elle va reconnaître et adorer sont à nos portes et, sans doute, cela ne se passera pas tranquillement. Tout va être ébranlé, mais qu’ils viennent enfin ; on les attend depuis quatre-vingt-deux ans, et l’on a failli en mourir, et l’on a traîné pendant presque tout un siècle une