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994 HORLOGE. l 3 l’heure, donne le nom du mois et le quantième du jour. Il Horlof/e lunaire, horloge iiii indique l’âge et les phases do la lune. || Horloge publique, grande horloge installée dans la partie supérieure d’un édilice et dont le cadran, placé à l’extérieur de celui-ci et vers son sommet, est visihle de loin. D .ins les horloges puhliques, il n’y a point d’aiguille de secondes ; il y a quelquefois deux mécanismes de sonnerie, l’un pour les heures, l’autre pour les quarts et les avantquarts, et ces mécanismes agissent sur l(^s marteaux des timbres à l’aide de cordes ou de tringles do fer. Dans les horloges puhliues modernes, les différents rouages sont isposés sur une même ligne horizontale, ce qui en rend le nettoyage et la réparation plus faciles. En F"rance, ces horloges puhliques peuvent marcher de vingt-quatre à quarante-huit heures ; mais il en est quelques-unes qui n’out besoin d’être remontées que tous les huit jours. || Horloge astronomique, horloge de précision dont on fait usage dans les observatoires. Son cadran porte une aiguille des secondes qui sont d’ailleurs accusées par le bruit que produit l’échappement à la fin de chacune d’elles. Quelquefois on peut arrêter cette aiguille instantanément en poussant un bouton ; d’autres fois, en poussant aussi sur un bouton, on peut faire marquer par l’aiguille des secondes un point noir sur le cadran. || En botanique, horloqe de Flore, tableau dressé par Linné et indiquant à quelle heure de la journée les fleurs Qe diverses plantes épanouissent leur corolle. Il ïhrlof/e lie la mort, nom par lequel on désigne vulgairement plusieurs espèces de vrilleltes ou anobions, insectes coléoptères qui, en frappant avec leurs mandibules sur les boiseries, font entendre à plusieurs reprises un petit bruit considéré, sans raison, comme un signe de mauvais augure. En dehors des cadrans solaires et des sabliers, les anciens, pour mesurer le temps, n’avaient pas d’autres instruments que les horloç/es à eau ou clepsydres. Comme c’est une disposition particulière donnée i ces clepsydres qui a fait naître l’idée des horloges a poids, nous allons exposer sommairement le principe sur lequel les clepsydres étaient fondées, et montrer comment elles faisaient mouvoir une aiguille indiquant des temps égaux f . sur un cadran. Qu’on imagine un bassin Bfig.l) toujours rempli d’eau jusqu’à une hauteur con- stante et ayant sa face de devant percée dans sa partie inférieure d’un orifice G. Il est clair V qu’en ver-tu de l’invariabilité du niveau du liquide dans le bassin B, l’eau s’écoulera régulièrement par l’orifice O et qu’il en sortira des quantités égales dans des temps égaux. Or il est facile de réaliser cette condition dans le bassin B. Il suffît d’y faire arriver par le robinet R une quantité d’eau supérieure à celle qui est nécessaire pour que le bassin soit rempli jusqu’au niveau du conduit de décharge D. L’eau en excès s’échappant par ce déversoir, le bassin sera toujours rempli à la même hauteur et par suite l’écoulement du liquide par l’orifice sera toujours uniforme. Si maintenant on recueille cette eau dans le bassin V placé au-dessous de l’orifice 0, elle s’y élèvera de hauteurs égales dans des temps HORLOGE A EAU ou CLEPSYDRE égaux et cette élévation proportionnelle du niveau pourra servir à la mesure du temps. Mais afin de n’avoir pas à mesunu’ la hauteur de l’eau dans le bassin V, chaque l’ois qu’ils voulaient connaître l’heure, les Grecs s’avisèrent de placer à la surface du liquide un petit poids flotteur I’ soutenu par un til enroulé sur une poulie M tournant amour de son axe KM et terminé à l’autre bout par un second poids V , un peu inférieur a H. L’axe de la poulie traversait perpendiculairement le centre d’un cadran en avant duquel elle présentait un faible prolongement. Ce prolongement portait une aiguille qui pouvait parcourir les divisions du cadran. A mesure que l’eau montait dans le vase V, elle soulevait le poids 1’, de sorte que le fil attaché à. ce poids cessait d’être tendu ; mais aussit(’4 l’action du poids P’ le tendait tic nouveau en faisant tourner la poulie, ainsi que son axe et, par contrecoup, l’aiguille du cadran. Ce mécanisme était tout a fiiit analogue à celui qui est employé aujourd’hui pour faire tourner l’aiguille de notre baromètre à cadran. La clepsydre à cadran fonctionnait depuis plusieurs siècles, lorsqu’elle suggéra l’idée de nos horloges modernes. 11 n’entre plus dans celles-ci que des pièces solides, et en voici le principe fondamental : Un poids C (fig. 2) est suspendu à l’extrémité d’une corde enroulée autour d’un cylindre horizontal D, qui peut tourner autour de sou axe. Cet axe porte une roue dentée II dont les dents engrènent avec celles d’un pignon F qui imprime un mouvement de ro- tation à l’axe G. Semblablement, une roue dentée , adaptée à cet axe, met en mouvement le pignon I et par suite l’axe J de ce dernier ainsi que la roue dentée qui s’y trouve fixée. Celle-ci agit sur un dernier pignon faisant corps avec le dernier axe tournant horizontal V. Comme la pesanteur tend continuellement à faire descendre le poids C, la corde qui le soutient se déroule, et son frottement sur le cylindre D imprime à celui-ci un mouvement de rotation qui se communique de proche en proche à toutes les roues dentées, à tous les pignons et aux axes qui portent ces roues et ces pignons. Si aucun obstacle n’entravait la chute du poids C, il atteindrait le sol d’un mouvement uniformément accéléré et dans un temps très court. La machine serait alors arrêtée et, pour la faire marcher de nouveau, il faudrait recommencer à enrouler la corde sur le cylindre D. Pour remédier à cet inconvénient, on a cherché à faire en sorte que le poids C ne descendît le long de la verticale du fil que par petites chutes successives. Pendant la durée de chacune de ces petites chutes, le mouvement peut être considéré, sans erreur sensible, comme un mouvement uniforme ; seulement, il faut qu’il y ait un petit temps d’arrêt à la fin de chaque chute partielle. Pour obtenir cet arrêt, voici ce que l’on a imaginé. Au dernier axe V est fixée une roue Y dont le plan est vertical et dont le bord est garni de dents l>erpendiculaires à ce plan. Cette roue a reçu le nom de roue de rencontre. Tout près d’elle se trouve un axe tournant vertical OP qui porte deux palettes, l’une en haut et l’autre en bas ; ces palettes et P sont placées sur l’axe de manière à faii’c entre elles un angle droit et leur saillie est assez forte Fig. 2. HORLOGE A POIDS pour qu’elles soient choquées par les dents de la roue Y. Pendant la rotation de celle-ci, l’une de ses dents supérieures venant buter contre la palette 0, la roue Y se trouve un instant arrêtée ainsi que tout le reste du mécanisme, y compris le poids C ; mais en frappant la palette, cette dent supérieure de 1.1 , roue de rencontre imprime à la tige OP un uiouvemenl de rotation. Un instant après, une dent inférieure de la roue Y rencontre à son tour la palette P, ce qui produit un nouvel arrêt de la machine. En même temps la palette P est repoussée et l’axe OP tourne en sens contraire de la rolation partielle que lui avait imprimée la dent supérieure de Y. Bientôt une nouvelle dent supérieure, puis une nouvelle dent inférieure de la roue de rencontre heurtent encore les palettes, et la tige OP oscille de nouveau alternativement dans un sens et dans l’antre. Il en est ainsi tant que tourne la roue Y, c’est-à -dire tant que 1 horloge marche. Le poids C descend donc par une suite de petits mouvements que l’on peut considérer comme uniformes et propres à mesurer le temps. La durée de chacun d’eux est indiquée par une aiguille portée par l’un des axes horizontaux de la machine et tournant sur le limbe d’un cadran ; ni l’aiguille ni ce cadran n’ont été représentés sur la figure. Afin de rendre la marche des rouages encore plus uniforme, on surmonte la tige OP d’un volant régulateur. C’est une roue sans dents dont la résistance de l’air modère l’accélération. Les plus anciennes horloges à poids étaient construites sur le plan que nous venons d’indiquer. Exactes en théorie, elles avaient dans la pratique une marche assez irrégulière à cause de l’inégalité des frottements que les dents des ditl’érents rouages exerçaient les unes contre les autres. On ne sait pas à quelle époque furent inventées les horloges à poids ; mais la date de leur découverte doit être reportée aux Premiers siècles de notre ère, car on lit dans Histoire de Hourgogne, par dom Plancher, qu’en 505 ou 506,’lhéodoric, roi des Ostrogoths, envoya d’Italie à Gondebaud, possesseur du royaume de Bourgogne, deux horloges dotit l’une était mue nu moyen de l’eau. Ces expressions donnent lieu de supposer que l’autre de ces deux horloges était à poids. Les statuts de l’ordre de Citeaux, rédigés vers 1125, parlent d’horloges mises en mouvement par des poids et des rouages et pourvues même d’une sonnerie. Au xi"^ siècle, il y avait déjà des horloges dans l’intérieur des églises et des châteaux ; mais ces horloges, quoique sonnantes, n’avaient point de cadran extérieur. Ce cadran ne fit son apparition au sommet des clochers de nos églises, des beffrois de nos hôtels de ville que dans le courant du xiv siècle. Quelque imparfaites que fussent leurs horloges, les gens du moyen âge y tenaient beaucoup ; pendant les xiv», xv et xvio siècles, ils se plaisaient à en compliquer le mécanisme ; mais ils étaient impuissants à l’améliorer. Comme preuve de cette tendance à la multiplication des rouages, on peut citer l’horloge que l’abbé Pierre de Chastelux donna vers 1340 à l’abbaye de Cluny. Cette horloge marquait l’année, le mois, la semaine, le jour, l’heure et les minutes ; elle indiquait en outre les fêtes de l’Église, les offices du jour, les phases de la lune, les positions du soleil. Enfin elle faisait mouvoir quantité de jietites figurines représentant la Résurrection, la Mort, saint Hugues et saint Odilon, abbés do Cluny, la sainte Vierge, etc. Un coq annonçait les heures en battant des ailes et en chantant ; en même temps un ange venait saluer la sainte Vierge ; le Saint- E.sprit descendait sur elle sous la forme d’une colombe et le Père Éternel la bénissait. Un carillon de clochettes accompagnait le chaut du coq. Une horloge publique de l’ancien Paris, et la première en date dans cette ville, était celle au Pal.^is de Justice, construite vers ISIO par r.llemand Henri de Vie. Au xvi^^ siècle, Germain Pilon en décora le cadran qui fut restauré sous Louis XIV, puis détruit au xviii» siècle. Cette horloge du Palais de Justice est remplacée aujourd’hui par une autre due à Henri Lepaute. Pendant toute