Page:Larive - Dictionnaire français illustré - 1889 - Tome 2.djvu/416

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elles sont presque toujours en ligne droite ou ne font que de légers coudes. Elles ne manquent point absolument dans les ré- gions montagneuses de la Lune, et elles occupent quelquefois les parois d'un ou de plusieurs cratères; mais jamais elles ne traversent les chaînes de montagnes, quoi- qu'elles .en puissent longer le pied. Il est rare qu'elles s'anastomosent les unes avec les autres. Elles sont de longueurs très variables, les unes n'ayant pas plus de 15 kilomètres, et les autres en mesurant plus de 200. Elles peuvent être larges de 1 000 a 1500 mètres; mais il y en a de beaucoup plus étroites. Leur profondeur peut être comprise entre plusieurs centaines et plu- sieurs milliers de mètres. Ces rainures ont été aperçues pour la première fois par Schrœ- ter qui en découvrît onze de à 1801; mais aujourd'hui on eu connaît environ un millier. Il est impossible, dans l'état actuel de la science, de dire ce que peuvent être ces singulières tranchées. Tout ce qu'il y a- de sur, c'est qu'elles sont relativement ré- centes à la surface de la Lune, et qu'elles ne se sont formées que postérieurement au soulèvementdes chaînes de montagnes et des cratères, puisqu'elles traversent ces derniers. Beaucoup plus étendue que l'ensemble des plaines, la partie montagneuse de la Lune couvre en majeure partie l'hémisphère austral de cet astre, sans manquer absolu- ment dans les autres régions. Les montagnes lunaires ne sont point disposées comme les terrestres sur notre satellite, les grandes LUNE CRATÈRE DE TYCUO (6151 MÈTRES) D'APRÈS WAREN DE LA RUE Fig.8. chaînes longitu- dinales sont une exception, tandis que les bouches volcaniques les cratères circulai- res se rencontrent par milliers, le plus souvent groupés mais quelquefois aussi isolés.Nousavons déjà indiqué les chaînes principa- les qui séparent laMerdelaSé- rénité de la Mer des Pluies, ou qui entourent cette dernière. A ces chaînes il convient d'en ajouter quel- ques autres également importantes les monts Jle'mus N', au S. de la Mer de la Stérilité; les monts Ripkées, dans l'Océan des Tempêtes L les monts .Altaï B, au S. - E. de la Mer de Nectar; etc. Malgré leur élévation, ces chaînes n'ont point sur le globe lunaire l'importance que présentent les innombrables groupes de volcans. C'est un spectacle saisissant de voir éclairés par le Soleil les fonds de ces vastes entonnoirs circulaires entourés quelquefois d'un double ou d'un triple rempart de parois abruptes et déchiquetés par des brèches en pics or- gueilleux. Tantôt les fonds de ces cratères semblent à peu près plans, tantôt ils appa- raissent hértssés de cônes qui sont les ou- vertures de volcans secondaires. Ce qui frappe dans l'examen de ces bouches igni- vomes, ce sont leurs dimensions comparées v celles des plus grandis volcans de notre globe. 11 existe sur la Lune au moins une vingtaine de volcans dont les cirques ont plus de 100000 mètres de diamètre, tandis que le plus grand volcan terrestre connu, situé dans l'ile de Ceylan, n'a que mè- tres de diamètre. Dans la Lune, le diamètre du volcan Clavius (7) au voisinage du pôle S. est de 210000 mètres; celui de Schickard (18) mesure plus de 200000 mètres; pour Sacrobosco, la plus grande dimension est de 1GO000 mètres, et pour le volcan Petau (41) elle est d'environ mètres. Les hau- teurs des parois sont à l'avenant de la grandeur des contours, et, en général, on peut dire que les sommités de la Lune, tant celles des véritables chaînes-de montagne que celles des volcans, sont proportionnel- lement beaucoup plus élevées que les mon- tagnes de la Terre. Ainsi, tandis que le point culminant de l'Himalaya, le Gaurisankar, n'atteint que 8837 mètres au-dessus du ni- veau de la mer, et par conséquent un niveau bien plus considérable au-dessus du fond des océans, il la surface de la Lune, où il n'y a point de mer, il existe des pics qui arrivent presque à une égale hauteur.Ainsi, tout à fait au pôle S., les monts Leibnitz se dressent à 7 610 mètres, et les monts Docrfel a 7G03 mètres; le cratère de Newton (1), à A Xt LUNE MÉTHODE POUR MESURER LE DIAMÈTRE D"UN CRATÈRE DE LA LUNE Fig- LUNE MÉTHODE POUR MESURER LE DIAMÈTRE D'UN CRATÈRE DE LA LUNE Fis- 7 2G4 mètres celui de Clavius (7), à 7 091 mè- tres et le cratère de Tycho (fig. 8) le plus apparent, le plus brillant de tous les cra- tères' de la Lune, à mètres. Onvoitpar les exemples qui précèdent que les astro- nomes se sont plu à donner aux cratères lunaires des noms d'hommes célèbres dans les annales de la science,et cette circonstance a fait dire que l'on pouvait, à un certain point de vue, considérer la Lunecomme le cimetière des astronomes de notre globe terraqué. On peut se demander comment, ne connaissant que fort imparfaitement les hauteurs et les autres dimensions d'un grand nombre de montagnes de la Terre,nous connaissons avec une telle précision celles des monta- gnes lunaires. C'est qu'il est très facile de les mesurer géométriquement. Par exemple, veut-on avoir le diamètre d'un cratère lunaire vu de face; en observant avec une lunette munie d'un micromètre la valeur en secondes du diamètre apparent de ce cratère, on aura celle du demi-diamètreAO (fig. 9) et comme on connaît la distance OT de la Lune à la Terre, le triangle rectangle AOT permet de déterminer par la trigonométrie la vraie longueur du rayon AO ou x; car en appelant d le demi-diamètre apparent, on a Il est presque aussi facile de mesurer la hauteur d'un pic de la Lune. Nous indique- rous pour cela sommairement deux mé- thodes 10 Lorsque, pendant une phase, on aperçoit dans la partie obscure du disque de la Lune, mais tout près de la ligne de LUNE MÉTHODE POUR MESURER LA HAUTEUR D'UN PIC DANS LA LUNE Fig. 10. séparation entre l'ombre et la lumière, un sommet m (fig. 10) que son élévation au- dessus du sol lunaire expose aux rayons du Soleil, voici comment on en peut détermi- ner la hauteur Soit L le centrc du disque de la Lune, Sm le faisceau de rayons so- laires qui vient frapper le sommet m, CD le plan du cercle d'illumination; le rayon Sm, tangent il la surface de la Lune, va rencon- trer le sommetm. Or, si, par le diamètre AB et par m, on fait passer un plan, ce plan coupe le globe, lunaire suivant un grand cercle dans lequel est contenu le rayon so- laire mS. Si nous rabattons ce plan autour du diamètre AB perpendiculaire à CD, le grand cercle AmB viendra se placer sur le bord intérieur du disque; le rayon mS prendra la direction S'D et le sommet m de la montagne se rabattra en M à l'intersec- tion de S'D et de la perpendiculaire mil abaissée de zn sur l'axe de rotation AB. Cela étant, si nous joignons ML, la partie exté- rieure Ml de cette droite sera la hauteur du sommet m; mais il est aisé de trouver la valeur de 'MI; car, au moyen d'un micro- mètre, on peut observer le diamètre apparent 1I1p de la dista nce qui sépare rn du cercle d'illumination. Or, comme mp égale ND, il en résulte que dans le triangle rectangle MLD on connaît le côté MD égal à mp, et LD qui est le rayon de la Lune; on pourra donc calculer l'hypoténuse LM et en en retranchant le rayon lunaire LI, on aura pour reste la hauteur MI de la montagne. 2<> Si le sommet m (fig. 11) que l'on veut me- surer pendant une quadrature se trouve dans la partie éclairée du disque de la Lune et projette l'ombre m perpendiculaire au cercle d'illumination CD, voici comment on pourra obtenir la hauteur du sommet)): Au moyen d'une lunette munie d'un réticule on mesure le diamètre apparent de l'ombre nu/, puis le diamètre apparent mp de la distance du sommetm au cererc d'illumina- tion cela fait, si l'on imagine que le plan passant par le diamètre ÂB et par mg LUNE DEUXIÈME MÉTFIODE POUR MESURER LA IIAUTEUR DOS PIC A LA SURFACE DU LA LUNE tourne autour de AB pour venir se rabattre sur la partie inférieure du disque lunaire, ce grand cercle recouvrira la demi-circon- férence ADB, le point g viendra se placer en G à l'intersection de la perpendiculaire gG menée sur AB avec ADB. Ainsi, la droite PG menée parallèlement il AB sera le rabattement de pg. Dès lors, le sommet m viendra se placer sur PG en M, et si l'on joint LM, MI représentera la hauteur de la montagne à mesurer. Or, à cause de ses pe- tites dimensions, le triangle MGI peut être considéré comme rectiligne et rectangle en I. Dans ce triangle, on connaît le côté GM égal à.i/jn de plus, l'angle IGM est égal à l'angle puisqu'ils ont leurs côtés perpendiculaires. En conséquence, les deux triannles IGM et LGP sont semblables et fournissent la proportion De là on tire ou Les trois quantités qui entrent dans la va- leur de IAL sont connues puisque3 PU et nig ont été mesurées avec le micromètre, qu'on en peut obtenir ]a valeur réelle, et puisque LG n'est pas autre chose que le rayon dé la Lune. Un certain nombre de montagnes lunaires les plus brillantes et les plus élevées, que l'on pourrait appeler montagnes ragonnan- tes, offrent, à l'époque de la pleine Lune, un