Page:Larive - Dictionnaire français illustré - 1889 - Tome 2.djvu/775

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bientôt si les Polypiers n'en élevaient sans cesse les bords; tels sont les atolls des Keeling et les Maldives. Plusieurs îles de cet archipel ont récemment disparu sous le:; eaux. L'archipel de la Sonde, les Molu- ques, les iles voisines de l'Australie sont dus au morcellement des masses continen- tales qui forment leur soubassement. On croit que le canal qui sépare Bornéo de Cé- lèbes, et, dans son prolongement au S., Bali de Lombokj n'est qu'un ancien détroit qui séparait jadts l'Asie du continent aus- tral émictté ou affaissé. D'un côté, Java, Sumatra, Bornéo, la péninsule Malaise, le Cambodge ont pour base un plateau qui ne s'étend guère à plus de 60 mètres au-dessous du niveau des eaux; de l'autre côté, à l'E., Sumbava, Timor, les Moluques, l'Australie sont soutenus par un soubassement qui s'af- faisse encore progressivement. La faune et la flore dans le groupe 0. sont asiatiques, et australiennesdans le groupe E. POPULATIONS DE LIOCÉANIE L'Océanie est habitée par la race indo- pacifique, qui comprend des peuplades noires et des peuplades cuivrées ou brun jaune. Les premières habitent l'Australie et la Po- lynésie occidentale; elles ont des affinités plus ou moins grandes avec les indigènes de l'Afrique du Sud. Les peuplades cuivrées occupent le N.- O. et l'E. de la Polynésie ainsi . que la Nouvelle-Zélande on les retrouve dans l'archipel Indien, a Formose, à Mladagascar. Il s'est fait, en outre, un mélange do la race noire et de la race claire. La race noire comprend les Australiens, les Ncgri- tos (Andaman, Samang, etc.), et les Papous ou l'apouas, qui habitent l'O. de la Nouvelle- Guinée, les îles Salomon, les Nouvelles- Hébrides, Fidji, etc. La race brune ou cui- vrée comprend les Sawdioris qui habitent Samoa, Hawaï, les îles de Cook, les îles de la Société, la Nouvelle-Zélande; les Malais de Sumatra, Java, etc., et les Tarapons, qui sont établis dans les Carolines, les Marshall et les Gilbert. Les Papous ou Papouas sont de couleur noire, inégalement foncée suivant les îles. Ils ont les cheveux crépus et les attachent en touffues nombreuses avec les fibres de certaines racines; leurs lèvres sont épaisses, ils ont le nez gros, souvent courbé, les mâchoires saillantes. Ils sont en géné- ral prognathes, faibles et de petite taille. Les tailles plus hautes indiquent un mélange de races. Leur langue a de nombreux dia- lectes. Les femmes sont chez eux dans la condition de bètes de somme. Il est diffi- cile de porter un jugement sur le caractère général dc la race à cause des variétés nombreuses qu'elle présente; mais on peut dire qu'elle est à tous égards inférieure. La langue des Papouas contient des articula- tions que nos alphabets ne peuvent repré- senter. Les possessifs ne s'ajoutent qu aux noms des objets considérés comme faisant partie du possesseur. La distinction est nulle dans l'usage entre le nom substantif et les verbes. Le signe du pluriel dans les noms n'existe pas. Tout mot, ou il peu près, peut devenir verbe moyennant l'addition dune particule verbale qui varie avec les dialectes. Cependant les verbes ont des formes causa- tives, intensives, fréquentatives et récipro- ques. Les Sawaioris, qui habitent la Polyné- sie orientale, ont été assimilés à tort aux Malais les Sawaioris, les Tarapons, les Ho- vas et les Malais sont des races issues d'une souche primitive disparue. L'absence de racines sanskrites ou prakrites dans la langue des Sawaioris prouve que leur immigration date d'une époque présanskrilique.Ils sont beaux et de grande taille; leurs cheveux sont noirs et droits, leurs yeux noirs, obliqueschez quelques individus; ils ont les lèvres moyen- nes, le nez court, large à la base, le front haut et généralement étroit. Cette race est, sauf quelques exceptions, indolente et apathique, rnalgré la vivacité et la justesse de son in- telligence. Les femmes, chez les Sawaioris, sont relativement considérées et traitées avec respect, de même que les vieillards. Les familles forment des clans, petites ré- publiques indépendantes où les propriétés sont cultivées en commun. Les chefs de clan, dans quelques îles, sont arrivés au pouvoir absolu; dans d'autres, le pouvoir est limité à l'exercice de certains droits. Les titres sont d'ordinaire donnés à l'élec- tion dans les clans souvent le possesseur d'un titre désigne son successeur. Les Sawaioris sont bons navigateurs et habiles à travailler le bois. Leur religion, avant l'introduction du christianisme, était un po- lythéisme assez semblabledans son principe au polythéisme des races aryennes. Un objet pouvait devenir taPu ou tabu par le contact avec l'image de la divinité ou de son prêtre, et par la dédicace à la divinité; et tant qu'il était tabu, l'usage en était interdit sous peine de sacrilège. Les Tarapons res- semblent aux Sawaioris, mais ils sont plus petits et moins robustes. Leurs diverses tribus sont très différentes les unes des autres; les naturels des Carolines sont plus grands et de teint plus clair que ceux des îles Gilbert; ils sont mêlés de Japonais. En d'autres points, on constate un mélange de la race des Tarapons avec celle des Papouas. Les Tarapons sont, en général, navigateurs; ils ne fabriquent avec soin que leurs armes. Les femmes sont moins considérées chez eux que chez les Sawaioris. Ils rendent un culte aux grands hommes des temps passés, et dans beaucoup de tribus le chef est en même temps le grand prêtre. La langue des Tarapons compte de nombreux dialectes, dont quelques-uns ont subi, dans quelques particularités, l'influence de celle des Pa- pouas. De nombreuses missions anglaises ont introduit le christianisme dans la Poly- nésie la première en date est celle qui s'établit à Taiti en 1797. On estime que sur les 8G3000 naturels de la Polynésie, 323000 sont chrétiens, de nom ou de fait. Ces missions ont établi des écoles nom- breuses. Dans les îles chrétiennes, la lecture, l'écriture et les éléments [de l'arithmétique sont très répandus. La littérature nationale est très développée dans presque tous les groupes sawaioris; la Bible est traduite dans six de leurs principaux dialectes. DIVISIONS DE L'OCÉANIE La Polynésie peut se diviser en Micro- nésie et Polynésie proprement dite. Micronésie. LaMicronésie au N. -O. com- prend 10 les îles Bonin-Sima, appelées aussi archipel de Magellan et d'Anson, îles volca- niques entourées de récifs et assez fertiles; 2o les Mariannes ou îles des Larrons, dépen- dantes du gouvernement espagnol des Phi- lippines. On a trouvé dans l'île de Tinian des ruines colossales. Guam est le plus important de ce groupe; 30 les îles Carolines occiden- tales, boisées et donnant en abondance le coco, la canne à sucre, l'orange, la banane; on y a naturalisé les gros bestiaux, les mou- tons, les porcs. Les îles et les villages forment des républiques indépendantes, mais coopé- ratives. L'institution la plus remarquable et particulière à ce pays est la Clübbergoll, société mutuelle d'aide et de défense. Les habitants, au nombre de 10000, se servaient encore il y a peu de temps d'instrumentset d'armes de pierre 40 les Carolines centrales, au nombre de 500 environ, s'étendant sur une longueur de plus de 2000 kilomètres et entourées de récifs; les principales sont Oualan, Pugnipet, Namourc/c, résidence du premier chef; le groupe Hugoleu ou llug, au centre, comprenant cinq grandes îles et environ quarante petites, avec 35000 habi- tants appartenant à deux races, noire et brune, souvent en guerre l'une contre l'autre 50 les Carolines orientales, appelées aussi ar- chipel àeMulgrave,comprennent les Radalc, Ralik ou Marshall et les Gilberl, peuplées de 100000 habitants. La langue de la Micro- nésie présente les principaux caractères du polynésien avec quelques affinités avec la langue malaie. La religion est en général identique à celle de la Polynésie; le trait particulier est le culte rendu aux ancêtres. La mer sert de sépulture aux morts'. On les y jette vers l'O. avec de certaines cérémo- nies. Toutefois, on enterre les chefs. La flore a des affinités avec celle des pays indo-malais; la faune est pauvre à l'E. Le rat et le pteropus sont les seuls mammi- fères indigènes. Polynésie. La Polynésie proprement dite comprend de nombreux archipels; les principaux sont 10 Au centre, les iles des Navigccteurs ou Samoa, 40000 habitants, au N. - E. des Viii, commerce d'huile de coco au port Apia. 2o A l'O. les îles Wallis, pro- tégées par la France depuis 1844. 30 Les îles des Amis ou Tonga, 50000 habitants; bon port à Curtis-Sound, dans l'île IVawou. 40 L'archipel de Cook ou iles llervey, 15000 habitants, parmi lesquelles Raro- tonga, fertile et assez civilisée. 5o Les îles 1'aïti ou de la Société, très fertiles, sous le plus heureux climat; population cuivrée, mtelligente, mais dissolue. La principale de ces îles est Taïti, ville principale Papcete, port assez important, 3000 habitants. Le groupe de la Société forme un royaume constitutionnel, sous le protectorat de la France depuis 1842. 6o L'archipel Toubouaï (Toubouaï, Vavitou, Rapa) au S. de Taïti, également protégé par la France, 700 ha- bitants. 70 Les iles Pomoutou (iles Basses, archipel Dangereux, Touamotou), dépen- dantes de Taïti, protégées par la France depuis 18ü9, 8000 habitants. 80 Au S.- E. les îles Gctmbier, protégées par la France depuis 1844, 1500 habitants. 9° Au S. -O . des Gambier, l'ile de Pitcairn; l'ile de Pâques ou Waïhou, où l'on a trouvé des statues colossales de pierre grossièrement taillées. Les îles Marquises ou Mendana, au N. des Pomoutou, 15 000 habitants, appelés Kanala, de race cuivrée. Dans ce groupe, qui appar- tient à la France depuis 1842, se trouvent Noulcahiva et Tahoztata, lieux de dépor- tation, où s'élèvent le Fort-Collet et le péni- tencier de Waïlahou. Ces possessions sont destinées à acquérir de l'importance quand l'isthme de Panama sera ouvert. 110 Les iles Sandzuich ou Ifawaï, éloignées de la région des atolls et situées au N. sur la ligne de la Californie. Les principales sont Hawaï, avec ses volcans, le Maouna-Loa et le Maouna- Kca, île fertile et boisée; Maoiii, Oahou, qui renferme la capitale Ilonolulzt (V. Sand- wich) A2° La Nouvelle-Zélande,à 1000 kilomè- tres S. - E. de l'Australie, 275000 kilomètres carrés, composée de deux grandes îles de Te-lka-Maoui Te-Wai-Pounamout et de la petite île Rariouka ou Stewart, au S. de cette dernière. (V. Nouvelle-Zélande.) Malaisie. LaMalaisie, située au S.- E. de l'Asie, en est séparée par le détroit de Ma- lacca, la mer de Chine et le canal qui est entre les Philippines et Formose. Elle est baignée à l'E. par le Pacifique, au S. par la mer des Indes. Elle comprend les îles de la Sonde, au S. Célèbes et les dfoluque.s, au S. -E. Bornéo, au centre, et les Philippines, au N. Bornéo est séparé des îles de la Sonde par la mer de Javte; de Célèbes et des Phi- lippines par les mers de Célèbes et de Min- doro; Célèbes est séparée des Moluques par la mer des Moluques. Nous avons dit que les Philippines, Bornéo, Java avec Bali, Su- matra et la presqu'île de Malacca reposent sur un plateau qui les rattache à l'Asie. A l'E. de la ligne courbe formée par les Philippines et Bornéo une vallée sans fond sépare les Philippines et Bornéo de Célèbes, l'ile de Bali de celle de Lombok, et marque la limite d'un autre plateau d'âge et de for- mation différents sur lequel s'élèvent Cé- lèbes, les Moluques, la Nouvelle-Guinée, l'Australie et les îles voisines. L'archipel Malais possède deux iles plus grandes que la Grande-Bretagne, Bornéo et Sumatra; d'autres aussi grandes que l'Irlande, Java, Célèbes, Luçon; les iles de moindre im- portance et lés îlots sont en très grand nom- bre. Les aborigènes qu'on retrouve dans les Dayaks de Bornéo, les Tagals de Luçon, les Hattaks de Sumatra, appartiennent proba- blement à la race océanique, race blanche à cheveux noirs, lisses, à visage ovale. Les Malais proprement dits, qui rappellent le type Mongol, se sont juxtaposés et par en- droits mêlés aux Océaniens. Enfin, il faut compter dans la population malaise plu- sieurs millions de Chinois émigrants, dont quelques tribus seraient établies à demeure dans les parties inexplorées de Bornéo. Su-