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DU STYLE. 235

le judicieux emploi des signes de ponctuation contribuent beaucoup à donner de la clarté au style.

Pour que le style soit clair il faut d'abord que la pensée elle-même le soit, comme Boileau Ta si heureusement exprimé dans ces vers :

11 est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées; Le jour de la raison ne le saurait percer : Avant donc que d'écrire, apprenez à penser. Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément.

612. — De l'harmonie du style Écrire avec harmonie c'est éviter la rencontre des sons durs et désagréables Le défaut contraire à Tharmonie est la cacophonie, dont on trouve un exemple dans ce vers de Voltaire :

Non, il n'est rien que Nanine n'honore.

L'harmonie exige qu'on évite d'employer les mêmes mots à des intervalles trop rapprochés.

613. — Il y a deux sortes d'harmonie, Vharmonie méca- nique et l'harmonie imitative.

On appelle harmonie mécanique celle qui résulte du choix des mots sans tenir compte de la pensée qu'ils expriment. Boileau en a donné le précepte dans ce vers :

Fuyez des mauvais sons le concours odieux.

L'harmonie mécanique proscrit les mêmes consonances trop multipliées. Ex. : C'est ce sur quoi... Si Von remmène... on en a nommé... Elle proscrit aussi, même en pi^ose, l'hiatus* trop marqué : 11 faut que tu y assistes...

Il y a deux sortes d'harmonie imitative :

1° Celle qui emploie des sons peignant par eux-mêmes la chose que l'on veut représenter. On en trouve un exemple dans ce vers de Racine' :

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos tètes?

Ici l'accumulation des s figure matériellement le siffle- ment des serpents.

2^' Vharmonie qui résulte d'une certaine conformité entre les allures de la phrase et la succession des idées que l'on

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