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Page:Larive Fleury Grammaire 1910 tome 4.djvu/338

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324 HISTOIRE LITTÉRAIRE UE LA FRANCE.

Pierre Corneille. 1p père de la tragédie el de la comédie fran- çaises, est né à lluurii, lo 6 juin 1GÛ6, et mort à Paris, le 1" octobre IG84. Après avoir fait ses études au collège des Jésuites à Rouen, il entra au barreau, et fut quelque temps avocat dans sa ville natale; mais il ne se distingua guère dans cette profession. Aussi l'aban- (lonna-t-il bientôt pour se consacrer entièrement à la poésie. Ses premiers ouvrages, quoique mieux écrits que ceux des auteurs contemporains, sont empreints du mauvais goût de l'époque et ù peu près oubliés.

Son génie se révéla pour la première fois en 1030 dans le Cul, pièce imitée de l'espagnol. L'apparition de ce chef-d'œuvre produi- ïiit une immense sensation, non seulement en France, mais dans toute l'Europe. Le cardinal de Richelieu, qui avait l'ambition de passer pour poète, et qui jusqu'alors avait protégé Corneille, fut, dit-on. jaloux d'un succès si éclatant, et il contraignit l'Académie*, nouvellement créée, à faire la critique du Cid. L'admiration pu- l)li(|ue |)rotesta. et Corneille, déjà dans toute la force de son génie, rèjxMulit aux critiques en produisant de nouveaux chefs-d'œuvre : Horace (1039) (V. Morceaux choisis, p. 301), Cinrui (1039) (V. Mor- ceaux choisis, p. 303), Pohjeucle (1040). Pompée (1041), et une co- médie : le Menteur (1042). Cette comédie, la première véritable- ment digne de ce nom dans la langue française, devait indiquer la route ii Molière.

A partir de celte époque, le génie de Corneille semble décliner. Il fléchit déjà dans la Mort de Pompée et dans liodoçfune. Don San- chp, Nicoméde, Sertorius, Agésilas, Attila, etc.. accusent une com- plète décadence.

Les dernières années de la vie de Corneille furent attristées par la gène : oublié de tous, il ne dut qu'à Boileau de recevoir une faible pension de Louis XIV. Il s'éteignit dans une détresse voisine de la misère.

Les héros de Corneille sont par leurs sentiments élevés au-dessus de l'humanité. On a dit<|u'il peignait plus grand (jue nature. Dans ses tragédies, la lutte s'engage entre le devoir et la passion, et c'est /e devoir qui l'emporte, i/idéal de Corneille, c'est le sublime; les qualités de son style sont la noblesse et la véhémence; il a fré- <iuemment des traits de génie qui étonnent. Parfois il outre des grandes qualités et tombe dans la déclamation et l'enflure.

Son frère, Thomas Corneille, écrivit aussi plusieurs tragédies qui eurent quehiue succès, dû en grande partie au nom qu'il jmrlait.

Kii même temps que dans le Cid la poésie apprenait à parler une langue nouvelle, une n'-volulion analogue s'opé- rait dans la prose. Klle eut pour auteur licné Dcscurtcs.

René Descartes (L'iOG-iOSO), né à In llaye-ncscartes (Tou- raine), résolut dès l'âge de seize ans de refaire lui-même son éducation, (ju'il jugeait imparfaite. Dans un but d'observation, il

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