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HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE, 327

La poésie, qui a déjà jeté tant d'éclat avec Corneille, se transforme sans déchoir entre les mains de Racine, Molière, Boileau et La Fontaine.

Jean Racine (I039-I(i!)ij) naquit h la Fortn-Milon où son père Olait fonirùloiir du grenier à sel. Dès Page de trois ans le futur poète était orphelin, et il entra au collège de Beau vais oij il resta jusqu'à sa seizième année. Alors sa grand'inèrc et sa tante, religieuses de Port-Royal, l'appelèrent auprès d'elles. Il resta trois ans dans cette solitude. H y regut les leçons de Claude Lancelot vX des autres savants solitaires. 11 se livra avec passion à l'étude de la langue grec(]ue. De là il passa au collège d'Harcourt où il compléta ses études. Sa famille voulait qu'il entrât au barreau ou dans les ordres. Un de ses oncles, chanoine à Uzès, l'avait appelé près de lui, espérant pouvoir lui faire obtenir quebiue bénéfice*. Mais Hacine, négligeant les études théologi([ues, s'adonnait tout entier à la poésie dramatiiiue. De retour à Paris, vers 1003, il se livra à son goiit pour les vers. Sur le conseil de Molière, il composa ta pre- mière de ses tragédies qui ait été représentée, la Théhaïde ou les Frères ennemis (1665) qui, bien que faible, commença sa réputa- tion. Il se voua dès lors exclusivement au théâtre et donna succes- sivement Alexandre (1665), Andromaque (1067), Britannicus (1669), Bérénice (1671), Bajazet (1672), Milhridate (1673), Iphigénie en Atilide (1075) et P/u}dre (1677). 11 avait aussi fait représenter en 1668 sa délicieuse comédie des Plaideurs, imitée des Guêpes d'Aris- tophane, critique spirituelle des travers du barreau et de la magis- trature au xvii" siècle.

A l'apparition de Phèdre, une cabale montée contre Racine fit tomber ce chef-d'œuvre auquel on adecta de préférer la Phèdre de Pradon *. Le poète blessé garda douze ans le silence : il ne reparut dans la lice, sur la prière de Madame de Maintenon, que pour <lonner Esther en 1689, et Athalie en 1691 (V. Morceaux choisis, p. 307). Racine avait été reçu de l'Académie* française en 1673; il mourut en 1699. Il fut enterré dans le cimetière de Port-Royal-d es- Champs. Lors de la destruction de cette abbaye, son corps fut transporté dans l'église Saint-Étienne-du-Mont, à Paris, où l'on voit encore aujourd'hui son tombeau.

Racine s'est proposé avant tout de peindre les hommes tels qu'ils sont. Dans ses pièces, il y a encore lutte entre le devoir et la pas- sion; mais, à rencontre de ce qui arrive dans le théâtre de Cor- neille, chez Racine, c'est toujours la passion qui l'emporte. Aussi ses plus beaux rùles sont-ils des rôles de femme. Racine est un profond analyste du cœur humain. Son caractère est la tendresse, comme celui de Corneille est l'héroïsme; quant au style de Racine, on est à peu près d'accord pour reconnaître que la perfection n'en a jamais été dépassée. L'Harmonie racinienne est passée en proverbe.

Molière. La comédie française, supérieure à celle de tous les pays et de tous les temps, doit surtout son illustration à Jean-Bap-

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