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HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE. 331

ment, et ne donne pas carrière aux élans de l'imagination ; mais sa dialecli(iue est d'une force et d'une rigueur qui étonnent et capti- vent. 11 ne plait pas, il domine. On cite comme chef-d'œuvre de Honrdaloue la première pnrlie do son sermon sur la Passion.

François de Salignac de la Mothe-Fénelon, né en 1651, plus connu sous le nom de Fénelon, est une dos ligures les plus sym- patlii([ues dn xvn" siècle. Destiné aux ordres dès sa jeunesse, il étudia la théologie au séminaire de Saint-Sulpice. Après s'être fait connaître, jeune encore, par un Traité de Véducatioii des filles, il fut envoyé dans le midi de la France pour convertir les protes- tants. A son retour on lui conda l'éducation du duc de Bourgogne *. Il fut ensuite nommé archevé(jue de Cambrai.

Après la publication de son livre sur VExplicalion des viaximes des saints, ouvrage empreint de quiétisjne*, Fénelon dut soutenir une vive polémique * contre Bossuet. Sur les instances de Louis XIV Rome condamna les doctrines préconisées par Fénelon qui dut les rétracter publiciuement. Il le fit avec une docilité qui honore son caractère.

Pendant l'éducation du duc de Bourgogne, Fénelon avait écrit pour son royal élève des Fables, des Dialogues des Morts, et enfin les Aventures de Téléniaque (V. Morceaux choisis, p. 377). Dans ce dernier ouvrage, empreint des souvenirs de l'antiquité grecque, Fénelon personnifie son élève sous les traits de Télémaque, auquel il donne les qualités et les défauts du duc de Bourgogne. 11 lui montre quelles vertus un prince doit acquérir et pratiquer. La publication du Télémaque, due à l'indiscrétion d'un copiste, perdit Fénelon dans l'esprit de Louis XIV, qui vit dans ce livre la cri- tique de son gouvernement. Fénelon dut quitter la cour. Exilé dans son archevêché de Cambrai, le digne prélat y donna l'exemple de toutes les vertus. Il mourut en 1715.

11 laissait entre autres chefs-d'œuvre un Traité de l'Existence de Dieu écrit dans un ample et magnificiue langage. On n'a recueilli que quelques-uns des innombrables sermons de Fénelon; les deux plus remarquables sont le discours pour le sacre de l'électeur de Cologne et le sermon pour la fête de l'Épip/uniie : ce dernier ren- ferme des beautés de premier ordre.

On a encore de Fénelon une célèbre Lettre sur les occupatio7is de V Académie* française dans laquelle il émet, au sujet de l'en- richissement de notre langue, certaines idées larges, justes et fécondes et (juclques autres qui paraissent chimériques.

Esprit Fléchier (1632-1710), évèque de Nîmes et célèbre prédi- cateur, l'ut plutôt écrivain iju'orateur. Son style est orné et fleuri; mais l'art s'y fait trop sentir. Les Oraisons funèbres de madame de Montausier et de Turenne lui assurent le premier rang dans son siècle parmi les orateurs du second ordre.

Jules Mascaron (1634-1703), prêtre de l'Oratoire, prêcha plu- sieurs Avents et plusieurs Carêmes à la cour et prononça l'oraisoQ funèbre d'Henriette d'Angleterre ^insi que celle de Turenne.

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