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produits sont deux femmes : Madame de Sévigné et Madame de Maintenon.

Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, née en 1626, morte en 1696, s’est iiiiinnrtalisce \vd\- ses Lettres, qui sont l’un des monuments littéraires les plus remarquables de notre langue. On a dit qu’elle fut redevable de son génie à sa tendresse pour sa fille, Madame de Grignan, dont elle vécut séparée pendant sept ans, cette dernière ayant été forcée d’aller habiter la Provence que son mari gouvernait au nom du duc de Vendôme.

Les Lettres de Madame de Sévigné sont pleines de grâce et d’abandon. On admire entre autres celle où elle raconte la mort de Turenne; elle y l’ait preuve d’une exquise sensibilité et s’élève sans effort jusqu’à la plus haute éloquence (V. Morceaux choisis, p. 379),

Madame de Maintenon (1C35-1719), veuve du poète Scarron*, fut admise à la cour en qualité de gouvernante des enfants du roi. Son esprit élevé, sa piété, sa distinction plurent à Louis XIV, qui l’épousa secrètement environ un an après la mort de la reine. Madame de Maintenon créa à Saint-Cyr une maison d’éducation pour les jeunes filles nobles, et la dirigea avec autant d’habileté que de dévouement. On lui doit des Lettres sio’ Véducation des filles; cet ouvrage, ainsi que sa correspondance, l’ont fait ranger parmi les écrivains du xvn° siècle.

Si la période qui nous occupe fut relativement pauvre en historiens vraiment dignes de ce nom, elle nous a laissé les Mémoires du duc de Saint-Simon.

Le duc de Saint-Simon (1G75-1755) est l’un des écrivains les plus extraordinaires et les plus originaux du xvii" siècle. D’une grande austérité de mœurs, il frondait ouvertement les vices de la cour de Louis XIV, et se créait de la sorte de puissants enne- mis. D’une extrême pénétration, rien ne lui échappait des intri- gues des courtisans. Mais ses préjugés et ses passions l’entraînent trop souvent dans ses critiques au delà de la mesure et même hors de la vérité; il fut forcé plusieurs fois de se retirer dans ses terres. Saint-Simon excelle à peindre par le détail; il sait tout, il dit tout; ses personnages revivent sous nos yeux. Nul écrivain n’a su mieux que lui rencontrer l’expression propre; elle ne lui fait jamais défaut malgré l’incorrection du style. Il y a lieu de blâmer le langage beaucoup trop libre de l’auteur.

Le véritable texte des Mémoires de Saint-Simon n’a été exactement connu qu’à une époque récente. Ils ont été publiés complètement, pour la première fois, de 1829 à 1831,


HUITIÈME ÉPOQUE (xviiie siècle).


Le xviiie siècle, que remplissent les règnes de Louis XV et de Louis XVI, forme un complet contraste avec le siècle