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Après les comédies de Regnard il n’y a guère à mentionner que la Métromanie, de Piron, qui parut en 1738, le Méchant, de Gresset (1747), les Châteaux en Espagne et le Vieux Célibataire, de Collin d’Harleville, qui sont des dernières années du XVIII siècle.

Dans l’intervalle, Diderot avait essayé d’acclimater sur notre scène la tragédie bourgeoise, d’où est sorti le drame moderne.

De la poésie lyrique nous n’eûmes au xviii^ siècle que la forme sans en avoir le fond; l’inspiration a fait défaut aux écrivains qui se sont consacrés à ce genre. Les plus renommés d’entre eux furent Jeau-B((23/«s<ei{o«iseta<, Le FrrtJic de PompUjtian et Lebrun.

Jean-Baptiste Rousseau, né à Paris en 1671, mort en exil à Bruxelles en 1741, eut une vie agitée et très malheureuse. Un arrêt du Parlement le condamna?., en 1712, ù un bannissement perpétuel.

On reproche à Jean-Baptiste Rousseau la stérilité de son imagination et un manque presque complet de sensibilité; mais son style a beaucoup d’éclat et souvent il lait passer dans notre langue avec un grand bonheur d’expression les beautés de premier ordre des auteurs grecs et latins. Ses odes et ses cantates constituent son plus sérieux litre de gloire.

Le Franc de Pompignan, né en 1709, mort en 1784, est surtout connu pour ses poésies sacrées, ses odes et une tragédie de Didon assez faible. Son style est très inégal, tantôt coloré, tantôt emphatique, mais terne le plus souvent.

Lebrun (1729-1807), malgré la sécheresse et la dureté de ses odes, fut surnommé le Pindare français, dénomination à laquelle il semble avoir eu peu de droits.

La poésie didactique se manifeste d’ordinaire aux époques où l’inspiration est moins vive. C’est ce qui arriva au xviii^ siècle, pendant lequel ce genre compte un assez grand nombre de représentants : Louis Racine, Saint-Lambert et DeliUe sont les principaux.

Louis Racine (1692-1765), fds du grand Racine, avait un remarquable talent de versificateur. Son poème de la Grâce (1722) et surtout celui de la Religion (1726), offrent, malgré leur froideur générale, de grandes beautés. Ce dernier a surtout mérité de rester classique.

Saint-Lambert (1717-1803) publia en 1769 les Saisons imitées du poète anglais Thomson, œuvre qui ne manque pas d’élégance, mais