Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/14

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verrons bientôt qu’il doit être un des acteurs principaux devant évoluer dans notre récit.

Avez-vous remarqué comment tous ceux qui, volontairement ou par la force des circonstances, s’éloignent le moindrement de la société de leurs semblables, ressentent instinctivement le besoin de s’attacher à un animal quelconque ? Toute vieille fille quelque maussade et grognon soit-elle, n’a-t-elle pas son chat à caresser ? Le perroquet de Robinson Crusoé est devenu un personnage universellement connu ; l’araignée de l’intendant Fouquet est passée dans l’histoire ; et tant d’autres exemples dont la liste serait trop longue. Il y a plus, même les Saints du Paradis ont donné dans cette innocente manie : Saint-Antoine et son cochon n’ont-ils pas dans la plus grande paix et la plus inaltérable concorde, vécu ensemble dans une caverne des déserts de la Thébaïde ?

Après tout, ces gens ne semblent pas trop s’en être mal trouvés du choix de leur compagnon de vie. Bêtes pour bêtes, dirait un malin, mieux vaut encore celles qui ne parlent pas…

Faudrait-il reprocher à Mlle Perrin son affection pour son chien ? Fidèle avait été acheté quelques années avant la mort de Monsieur Perrin, il avait grandi entouré des caresses de sa maîtresse, cajolé, dorloté. Par contre, il s’était montré élève docile et reconnaissant, gardien consciencieux et, quand il était là, la patronne pouvait dormir sur ses deux oreilles, la garde était mieux montée qu’aux portes des palais des rois.

Mlle Perrin, toujours préoccupée d’études de botanique et sincère admiratrice de nos fleurs des champs, avait depuis longtemps rêvé d’améliorer certaines espèces et d’en faire des fleurs d’ornementation. Une d’entre elles avait surtout attiré son attention : le gros chardon écossais dont la fleur présente une variété admirable de coloris et que, lui