Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sans nous voir, une année durant laquelle nous aurons notre pleine liberté. Si, dans un an de ce jour, — c’était le quinze janvier, — vos sentiments ne sont pas changés envers moi, vous viendrez me le dire et je vous promets qu’alors, de mon côté, je vous dirai franchement si, réellement, je vous aime ; cette année d’éloignement m’aura fait voir clair en mon propre cœur.

— Pourquoi un an ?

Pour que nous soyons bien certains de nos cœurs, mon cher Jean, et aussi pour que vous ayiez le temps de commencer votre pratique. Je veux savoir un peu comment vous réussirez.

— Ah ! il vous faut le succès aussi ?

— Pas précisément le succès ; mais de solides promesses d’avenir.

— Nous nous écrirons, au moins, durant cette année ?

— Défense absolue de m’écrire durant ces douze mois, défense de tenter de me rencontrer. Quant à moi, je ne veux seulement pas savoir l’endroit vous irez vous établir. Mais après une année de travail consciencieux, revenez me voir, si le cœur vous en dit encore. Est-ce compris ? Acceptez-vous ?

— J’accepte. Je serai ici dans un an et, d’ici cette date, j’aurai tellement travaillé que vous ne resterez pas insensible. » Depuis je ne l’ai pas revu, je n’ai même jamais entendu prononcer son nom devant moi et je suis la personne la plus surprise de le trouver ici.

— Chercheras-tu à le rencontrer ?

— Il le faudra bien, marraine, pour vous obliger.

— Yolande, tu es amoureuse.

— Oui ! mais il ne faut pas qu’il le sache.

— Petite sournoise.

— Oh ! les hommes, il faut savoir les prendre ; c’est le premier coup de gouvernail qui compte… Allons voir vos fleurs.