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La Villa des Ancolies

de loi et mes clients, n’allez pas me gâter les quelques instants de bonheur parfait que je pourrais goûter en votre compagnie.

— Cependant, j’aurais bien aimé raconter à marraine…

— D’ailleurs tout ce charabia de chicane et de procédure n’intéresserait pas Mademoiselle.

— Je ne suis pas de votre avis. N’est-ce pas, marraine ? Mais enfin, puisque ce sujet vous déplaît, parlons d’autre chose.

À part la faible allusion au fait qu’elle avait déjà entendu parler du jeune homme, Mlle Perrin s’étudia à écarter toute allusion à la fameuse lettre, en dépit de cette espiègle d’Yolande qui, à chaque instant, faisait mine de vouloir ramener la conversation sur ce sujet.

Bref, le jeune disciple de Thémis gagné complètement par la souriante bonté de Mlle Laure, sa beauté, sa grâce, son excessive politesse et le charme général se dégageant de sa personne se demandait comment on l’avait pu calomnier à ce point. À six heures il était encore à la Villa des Ancolies et comme il s’excusait de s’être attardé aussi longtemps :

— Un moment encore ! s’exclama Yolande, il ne faut pas partir ainsi sans visiter le jardin. Venez bien vite vous faire fleurir, noble disciple de la basoche !

— Mais c’est un véritable Éden que vous avez là, Mademoiselle, et quelle coquetterie que de se dissimuler ainsi à la vue du passant !

— Le croiriez-vous, marraine, ce petit Monsieur a poussé l’impertinence jusqu’à calomnier vos beaux œillets géants. Il prétend que ces fleurs sont de misérables coquettes, qu’elles n’ont aucun mérite, parce qu’elles ne produisent pas de fruits. Comme si c’était un titre négligeable à notre reconnaissance que de nous éblouir de leur beauté et de dispenser à profusion leurs parfums !