Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/79

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Pour vous punir, jeune impertinent, je vous condamne à porter cet œillet à votre boutonnière jusqu’à ce qu’il soit fané.

— Reçu de vos jolies mains, il acquiert un prix et un mérite inestimables.

— Tiens, tiens, voici mon poète qui réapparaît. Grand Dieu, gare à la pluie de vers !

— Encore de la malice… Je crois que je fais mieux de me sauver si je veux échapper aux traits de cette petite peste. Aurevoir, Mademoiselle Perrin, je garderai longtemps le souvenir de votre bonne et gracieuse hospitalité. Vous ne sauriez croire comme votre rencontre m’a causé de plaisir et combien je suis heureux d’avoir fait votre connaissance.

— Je crois le comprendre, moi, dit Yolande, narquoise. D’ailleurs je suis positive que, tôt ou tard, vous deviez infailliblement vous rencontrer !

— Si la maison vous plaît, Monsieur, il faudra y revenir.

— Peut-être abuserai-je de la permission ?

— Usez-en largement, cela nous fera plaisir. N’est-ce pas, Yolande ?

— Je ne sais pas encore. Ne vous dérangez pas, marraine, je vais moi-même reconduire notre jeune Maître jusqu’au chemin.

— Retournez-vous au bureau ? demanda avec un sourire de malice la jeune fille, dès qu’ils furent seuls.

— Non, je continue directement vers le chalet.

— Et cette fameuse procédure que vous aviez à rédiger ? Vous vous souvenez, cette affaire si comique de chien et de vieille fille toquée et avare ?

— Ma petite Yo, vous êtes la plus méchante petite personne que je connaisse. Ma foi, c’est à rendre des points à défunt Machiavel ! Votre plan était si bien combiné que j’y suis tombé tête baissée, et, sans la bonté de Mademoiselle Perrin, j’étais l’homme le plus ridicule que n’ait jamais abrité la calotte des cieux. D’ailleurs Yo, je ne puis me plaindre du méchant tour que