Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/85

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a corrompu mon avocat ! Eh bien ! elle est plus rusée que je ne le pensais, cette vieille chouette !

— Mon vieux Paul, tu me fais pitié… Sais-tu seulement qui était cette gracieuse personne que tu as tant admirée samedi soir, que, depuis, tu en rêves tout éveillé ?

— Comment veux-tu que je le sache, je ne suis pas un intime de la Villa des Ancolies.

— Mais ce n’est pas une étrangère. Depuis de longues années elle demeure en votre ville, tu la rencontres presque journellement à l’église, tu lui as même déjà adressé la parole. Il est vrai qu’en cette circonstance tu n’avais pas précisément tout ton sang-froid…

— Mais encore, qui est-ce ?

— Mademoiselle Perrin elle-même !…

— Ah ! Ah ! elle est trop forte celle-là, tu sais !

— Puisque je te le dis. C’est une femme admirable ! Jolie, bonne, instruite, spirituelle, d’une politesse exquise, une vraie perle en un mot, et, pour ne l’avoir pas remarquée avant aujourd’hui, il te fallait vraiment être aveugle. D’ailleurs, tu n’es pas le seul dans ton erreur, ce qui n’est pas une preuve du bon goût de nos concitoyens.

— Ah non ! tu ne me la feras pas avaler celle-là !

— Puisque je te dis que la vieille fille maniaque que tu connaissais, ou, plutôt que tu croyais connaître, est bien la gracieuse apparition qui t’a si complètement bouleversé samedi. Il n’a fallu pour cela que bien peu de chose : Une robe jeune et légère, une coiffure nouvelle, un bouquet de fleurs à la ceinture, tout comme dans le conte de fée : un coup de baguette et Cendrillon est devenue la jolie princesse.

— Et la fée, c’était ?

— L’autre, la petite fille au journal.

— Tu la connais ?

— Il paraît !

— Beaucoup ?