Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vivre ; elles touchent à peine à la terre, et s’éteignent dès qu’elles s’approchent des réalités de ce monde. D’autres enfin doivent le jour à des élans de passion qui mettraient l’univers en feu, chocs électriques qui produisent de grands hommes ou de grands criminels ; mais toujours des êtres extraordinaires.

M. de Cournon n’était point de ceux-là. Fruit d’un mariage de convenance, et conçu dans un accès de désœuvrement et d’ennui, il ne reçut en partage ni de grandes qualités, ni d’immenses travers. Orphelin de bonne heure, possesseur d’une assez jolie fortune, il eut des chevaux qu’il fit courir ; admis au Jockey-Club, il joua sans passion, mais pour faire comme les autres. En peu de temps il perdit quelque argent, il se mit alors en quête d’une dot. On lui proposa la fille d’un négociant, un parti de quinze cent mille francs ; le père avait inventé je ne sais quelle chaussure pour préserver de l’humidité, et avait fait fortune. La demoiselle était rousse, on la disait blonde ; elle était sotte, on la trouvait naïve.

M. de Cournon s’illusionnait peu sur le compte de sa prétendue, pourtant il n’hésita pas, et la marchande de galoches devint comtesse. En se mariant, comme la plupart des gens qui l’entouraient, cet homme croyait agir raisonnablement, et beaucoup de personnes étaient de son avis.